L'Inde et la Chine s'associent finalement à l'accord de Copenhague, conclu à l'arraché l'an dernier. Mais bien qu'il s'agisse d'un pas vers le remplacement de Kyoto, la communauté internationale n'a plus grand espoir de conclure une entente en ce sens cette année.

Pékin et New Delhi ont toutes deux fait parvenir une lettre à l'antenne climatique de l'ONU au cours des dernières heures, afin qu'on ajoute le nom de leur nation respective dans le préambule de cette entente controversée.

Ils ont cependant bien pris soin d'ajouter que cela ne donnait aucune valeur légale à l'accord de Copenhague, une entente a minima de trois pages qui n'a pas été adoptée par l'ensemble des 193 pays présents lors du sommet international sur le climat de décembre dernier.

«L'accord est un document politique, sans valeur légale, peut-on lire dans la lettre du ministère indien de l'Environnement. L'accord doit servir à faciliter les deux voies de négociations déjà ouvertes.»

À ce jour, une centaine de pays se sont joints à l'accord. Ce dernier les enjoint tout au plus à continuer de lutter contre les changements climatiques, afin de limiter la hausse des températures mondiales à 2ºC. Mais aucune cible précise ou mesure concrète n'est précisée.

La décision de l'Inde et de la Chine a son importance, en ce qu'elle lie à l'entente les pays dont les émissions de gaz à effet de serre croissent le plus vite au monde. Mais elle demeure néanmoins symbolique, puisqu'elle n'a aucune portée concrète.

D'ailleurs, plus personne ne semble croire qu'une entente internationale, d'abord promise à Copenhague, puis au Mexique cette année, ne pourra survenir en 2010. Les yeux se tournent déjà vers la rencontre de 2011, prévue en Afrique du Sud.

Au coeur des négociations se trouve un litige que personne ne semble capable de régler: le protocole de Kyoto doit-il être prolongé après son échéance de 2012, ou plutôt remplacé par un tout nouvel accord international?

Plusieurs pays riches, comme les États-Unis et le Canada, militent pour l'élaboration d'un nouveau protocole qui engloberait la Chine et l'Inde, contrairement à Kyoto, ce qui impliquerait nécessairement la mort du protocole.

En revanche, les pays victimes du réchauffement, les pays africains et surtout la Chine et l'Inde accusent les Occidentaux de vouloir ainsi revenir sur leurs engagements passés, afin d'exiger que les pays du Sud en fassent plus pour contrer le réchauffement.

Le protocole de Kyoto enjoint aux pays industrialisés de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5,2% par rapport à leur niveau de 1990, et ce, pour la période 2008-2012. Mais aucun engagement formel n'a encore été entériné pour l'après-2012.

Cette chaude dispute se déroule par ailleurs dans un climat d'autant plus tendu et incertain que le secrétaire exécutif de la convention-cadre de l'ONU sur les changements climatiques, Yvo de Boer, a récemment annoncé qu'il ne renouvellerait pas son mandat. Il doit quitter le navire le 1er juillet prochain.

D'ailleurs, les noms de son possible successeur commencent à circuler. Le président de l'Afrique du Sud, Jacob Zuma, a officiellement suggéré que son ministre du Tourisme, Marthinus van Schalkwyk, prenne sa place. Ancien ministre de l'Environnement, sa possible nomination a été applaudie par Greenpeace.

L'Inde, pour sa part, a proposé la nomination de Vijay Sharma, un haut-fonctionnaire du ministère indien de l'Environnement. Et des rumeurs laissent entendre que l'Indonésie annoncera que son négociateur principal à Copenhague, Agus Purnomo, se lancera aussi dans la course.