Tempêtes de neige aux États-Unis, canicule au Brésil, inondations meurtrières au Mexique, sécheresse en Equateur: les catastrophes s'accumulent sur le continent américain, où les météorologues montrent du doigt le phénomène climatique «el Nino».

Ce réchauffement cyclique des eaux du Pacifique équatorial, qui s'accompagne de manifestations atmosphériques inhabituelles dans le monde entier, a fait sa réapparition en juin dernier, et devrait persister jusqu'à la fin mars, selon les experts.

Sur des images de l'administration américaine des océans et des conditions atmosphériques, «el Nino» apparaît sous la forme d'une masse rouge, synonyme de hautes températures, qui s'étend à travers le Pacifique, de l'Australie jusqu'à l'Amérique centrale.

El Nino chamboule le régime des vents et des courants sur le Pacifique, la pression atmosphérique augmente à l'ouest de cet océan et baisse à l'est, les eaux chaudes de l'ouest du Pacifique migrent vers les côtes du Pérou, bouleversant le climat.

De l'Alaska à la Terre de Feu, il s'est traduit ces dernières semaines par des dérèglements de tous ordres.

Ainsi, les habitants de New York et de Washington se sont retrouvés sous une montagne de neige, qui a entraîné l'annulation de vols et la fermeture des écoles, des bâtiments publics et du quartier général de l'ONU.

«Il y a au moins deux joueurs dans cette partie: el Nino et l'Atlantique nord», a déclaré la semaine dernière à l'AFP Klaus Wolter, climatologue de l'université du Colorado.

À l'inverse, près de 8 000 kilomètres plus au sud, les Cariocas fondent sous un soleil brûlant à Rio de Janeiro, où l'Institut national de météorologie (Inmet) a enregistré des températures sans précédent depuis plus de 50 ans.

Mardi, avec 46,3 degrés, il faisait plus chaud dans «la ville merveilleuse» que dans le Sahara et dans tout autre endroit du monde, à l'exception de la ville d'Ada, dans l'est du Ghana (deux degrés de plus), selon l'Organisation météorologique mondiale.

Cette vague de chaleur a provoqué la mort de 32 personnes âgées à 350 kilomètres plus au sud, à Santos, selon les services municipaux.

Mais dans le reste de l'Amérique latine, ce sont surtout des inondations qui ont causé des dégâts meurtriers.

Dans l'État brésilien de Sao Paulo, voisin de celui de Rio, des pluies quasiment ininterrompues ont entraîné la mort de plus de 70 personnes depuis la fin décembre.

Au Mexique, des déluges inhabituels pour la saison ont fait 42 victimes dans l'ouest du pays et des mesures d'urgence ont été prises dans la capitale Mexico, en raison d'une panne du système de drainage et du débordement des eaux usées.

En Bolivie, des pluies diluviennes ont également fait dix morts et plus de 22.000 sinistrés, tandis qu'au Pérou voisin, les autorités ont dû mettre en place un pont aérien sans précédent pour évacuer 3.500 touristes bloqués près des ruines de la citadelle inca du Machu Picchu.

L'état d'urgence a aussi été déclaré à Buenos Aires, en prévision d'une possible crue du fleuve Parana.

L'eau manque en revanche sérieusement plus au nord. L'Equateur affronte ainsi sa plus grave sécheresse depuis 40 ans et au Venezuela, le président Hugo Chavez a décrété l'état d'urgence, car trois centrales hydro-électriques, assurant normalement 70% de la production du pays, tournent au ralenti.