Le chef d'Al-Qaeda, Oussama ben Laden, a abordé vendredi des thèmes inhabituels pour lui en accusant les nations industrialisées d'être responsables du réchauffement climatique et en attaquant la suprématie du dollar, dans un deuxième message audio en cinq jours.

«Toutes les nations industrialisées, particulièrement les grandes nations, sont responsables du réchauffement climatique», déclare Oussama ben Laden dans ce nouveau message diffusé par al-Jazira, la télévision satellitaire du Qatar. Le message, qui n'est pas daté, n'a pas été authentifié par une source indépendante. Rompant avec ses invectives contre les «croisés» occidentaux, le chef d'Al-Qaeda, qui évoque rarement dans ses messages les questions environnementales, affirme que «discuter du changement climatique n'est pas un débat d'intellectuels».

«Ce message est destiné à tout le monde au sujet de ceux qui sont responsables du changement climatique, qu'ils l'aient fait de manière délibérée ou non, et de la façon dont nous devons y faire face», dit Oussama ben Laden, traqué par les États-Unis et dont la trace s'est perdue depuis les attaques du 11 septembre 2001.

Il dénonce l'administration de l'ex-président américain George W. Bush, qui n'a pas signé en 1997 le protocole de Kyoto sur le changement climatique, le seul traité international contraignant contre le réchauffement. Mais il ne fait aucune référence à l'accord de Copenhague signé le 19 décembre, qui fixe comme objectif une limitation à deux degrés de la hausse moyenne de la température de la planète.

«Bush junior et le congrès américain avant lui avaient rejeté ce protocole, afin de satisfaire (les intérêts) des grandes compagnies», affirme ben Laden.

 Ces compagnies sont à l'origine de «la spéculation, le monopole, l'augmentation des prix et les effets tragiques de la mondialisation»,  poursuit-il, en s'en prenant aux plans de sauvetage des entreprises affectées par la crise économique mondiale.

«Quand les auteurs du crime sont victimes de leur propre acte, les chefs d'État se ruent à leur rescousse avec de l'argent public», déplore-t-il.

Pour «libérer l'humanité de l'esclavage de l'Amérique et de ses compagnies», Oussama ben Laden appelle à «arrêter d'utiliser le dollar et s'en débarrasser», même si «cela aurait des répercussions énormes».

Citant l'intellectuel de gauche américain Noam Chomsky, le chef d'Al-Qaeda vilipende également une administration américaine agissant comme la mafia.

«Noam Chomsky avait raison quand il avait souligné la ressemblance entre la politique américaine et les gangs de la mafia. Ceux là sont les vrais terroristes», ajoute-t-il.

Dans un entretien au quotidien britannique The Guardian en novembre, le linguiste avait affirmé que les administrations américaines successives étaient guidées par le «principe du parrain, tout droit sorti de la mafia: le défi ne peut être toléré».

Ce message est le second en cinq jours du chef du réseau extrémiste. Le 24 janvier, il avait, également dans un bref enregistrement audio, revendiqué l'attentat manqué sur un avion de ligne américain le jour de Noël et menacé les États-Unis de nouvelles attaques s'ils poursuivaient leur soutien à Israël.

Il avait rendu hommage au «héros» Umar Farouk Abdulmutallab, le jeune Nigérian qui a tenté le 25 décembre 2009 de faire exploser l'avion effectuant un vol entre Amsterdam et Detroit.

Le président américain Barack Obama a estimé que le fait de «s'attribuer le mérite d'un attentat raté par un étudiant nigérian, montre à quel point (ben Laden) est affaibli».