Pays riches, pauvres et émergents avancent leurs pions à coup de projets de texte à Copenhague, mais les antagonismes sur un accord mondial sur le climat restaient vifs jeudi, alors que les Européens, réunis à Bruxelles, tentaient de reprendre la main dans les négociations.

La pression monte avant l'arrivée imminente des ministres puis des chefs d'État ou de gouvernement la semaine prochaine, alors que se profilent aussi à partir de samedi les premières grandes manifestations autour de la conférence. Plus de 100 dirigeants, dont le président américain Barack Obama, qui a reçu jeudi à Oslo le prix Nobel de la paix, ont confirmé leur participation au sommet du 18 décembre. Le Kremlin a annoncé la présence du président russe Dmitri Medvedev.

À Bruxelles, les dirigeants de l'Union européenne vont tenter vendredi de surmonter leurs divergences sur l'opportunité de relever de 20% à 30% à Copenhague leur objectif de réduction d'émissions d'ici 2020, par rapport à 1990. Le président français Nicolas Sarkozy veut aller «le plus vite possible» vers les 30%, selon son ministre de l'Environnement Jean-Louis Borloo.

Ils devraient également se prononcer sur une partie du financement, en s'accordant sur une aide immédiate de 6 milliards d'euros (10 mds USD) aux pays pauvres.

«Nous sommes très préoccupés», a indiqué à l'AFP l'ambassadeur climat du Brésil, Sergio Serra. «Ces chiffres pour le court terme sont bienvenus, mais  tous les pays en développement attendent des engagements d'ici à 2020». «Pas d'argent, pas d'accord!».

Après un énorme cafouillage autour d'un projet de texte danois, jugé par certains pays en développement trop favorable aux pays riches, tout le monde se positionne sur la répartition des efforts pour enrayer l'envolée du thermomètre planétaire.

L'alliance des petits États insulaires (Aosis) mettra rapidement «une proposition sur la table», a assuré jeudi leur représentante, Dessima Williams, rappelant que les îles, menacées dans leur existence même par la montée des océans, réclamaient un objectif de limitation de la hausse des températures de 1,5°.

«À ma connaissance, le G77 (coalition de pays en développement) a quatre textes - Chine, Afrique du Sud, Inde et Aosis - tout le monde apporte sa contribution, j'imagine que les pays industrialisés le font aussi», expliquait de son côté le Dr Alex Binger, conseiller scientifique de Grenade.

«Nous ferons une synthèse qui sera présentée à (Michael Zammit) Cutajar», président d'un groupe de travail chargé de faire une proposition de texte de synthèse dans les jours à venir.

Point commun de toutes les contributions des pays en développement: le refus absolu de toucher au protocole de Kyoto, qui constitue une «paroi étanche» entre les pays du nord, qui ont un rôle «historique» dans l'accumulation de CO2 dans l'atmosphère, et le reste de la planète.

Leur coalition a saisi l'occasion de la remise du Nobel de la paix à Barack Obama pour appeler le président américain à rallier son pays au protocole de Kyoto. «La paix et la sécurité mondiales ne peuvent être garanties si les États-Unis ne participent pas à l'élimination de cette grave menace pour l'humanité» que représente le changement climatique, a déclaré le délégué soudanais Lumumba Stanislas Dia-Ping, dont le pays préside le groupe du G-77.

Les États-Unis, qui n'ont pas ratifié Kyoto, ont réaffirmé qu'ils n'avaient pas l'intention de le faire. Leur envoyé spécial Todd Stern a d'ailleurs rejeté tout idée de «réparation» à l'égard des pays en développement.

«Nous reconnaissons parfaitement notre rôle historique dans la pollution de l'atmopshère, mais je rejette catégoriquement toute idée de culpabilité ou de réparations», a-t-il lancé.

Dans le port de Copenhague, la Petite Sirène, gracieuse et solitaire sur son rocher, arborait jeudi un masque anti-contamination et une pancarte autour du cou contre le nucléaire, «fausse solution» au changement climatique, selon les membres de la campagne «Don't Nuke the Climate!».