«Pas d'argent, pas d'accord!»: le financement de la lutte contre le réchauffement climatique, insuffisant selon les pays en développement, est au coeur des débats à Copenhague, où États-Unis et Chine, les deux premiers pollueurs de la planète s'opposent sur cette aide.

Plus de 100 dirigeants, dont le président américain Barack Obama, qui a reçu jeudi à Oslo le prix Nobel de la paix, ont confirmé leur participation au sommet du 18 décembre, où devrait être adopté le nouvel accord climatique.

Le Kremlin a annoncé jeudi matin que le président russe Dmitri Medvedev se rendrait dans la capitale danoise.

Par déclarations interposées, la Chine et les États-Unis bataillent sur la responsabilité et les devoirs de chacun par rapport à la hausse du thermomètre mondial.

Se plaçant en position de porte-parole des pays en développement, la Chine a rappelé avec force qu'elle considérait que l'indispensable aide financière des pays développés relevait d'une «responsabilité historique».

«La garantie d'un soutien financier aux pays en développement par les pays industrialisés n'est pas un acte de charité ou de philanthropie pour les riches», a martelé Yu Qingtai, représentant spécial du ministère des Affaires étrangères pour le climat.

De son côté, l'envoyé spécial américain pour le climat Todd Stern a clairement indiqué qu'il rejetait toute idée de «réparations».

«Nous reconnaissons parfaitement notre rôle historique dans la pollution de l'atmopshère, mais je rejette catégoriquement toute idée de culpabilité ou de réparations», a-il lancé.

Et le principal négociateur américain Jonathan Pershing a clairement indiqué jeudi à l'AFP que l'aide financière à la Chine n'était pas une «priorité», par rapport aux besoins «des pays les plus pauvres et les plus touchés».

Mercredi, des failles étaient apparues au sein des pays en développement, quand Tuvalu, petit archipel polynésien, avait proposé des objectifs de réduction contraignants pour les grands émergents, comme la Chine et l'Inde.

Alors que Chinois et Américains monopolisaient assez largement le débat à Copenhague, les dirigeants de l'Union européenne devaient tenter, à partir de jeudi soir à Bruxelles, de reprendre la main dans les négociations en s'accordant sur une aide immédiate de 6 milliards d'euros (10 mds USD) aux pays pauvres.

«Nous sommes très préoccupés», a indiqué à l'AFP l'ambassadeur climat du Brésil, Sergio Serra. «Ces chiffres pour le court terme sont bienvenus, mais ils sont largement insuffisants: tous les pays en développement attendent des engagements d'ici à 2020».

«Pas d'argent, pas d'accord!», a-t-il résumé.

Les Européens vont devoir aussi surmonter leurs divergences sur l'opportunité de relever à Copenhague leur objectif de réduction d'émissions de 20% d'ici 2020, par rapport à 1990, à 30%, ce qui leur permettrait de maintenir leur position de pointe sur le climat.

Le ministre français de l'Environnement Jean-Louis Borloo a quant à lui indiqué jeudi à Paris que le président Nicolas Sarkozy voulait aller «le plus vite possible» vers une réduction de 30% des émissions.

Dans une position commune adoptée fin novembre à Pékin, en partie déjà connue, et diffusée intégralement jeudi par le quotidien français Le Monde, l'Inde, la Chine, le Brésil et l'Afrique du Sud demandent aux pays industrialisés de réduire leurs émissions de 40% en 2020.

Penny Wong, ministre australienne du Climat a estimé que les négociations de Copenhague avaient connu «un départ difficile». «Si nous voulons que cela fonctionne, nous devons nous éloigner des discours consistant à reporter la responsabilité sur les autres, ou à montrer du doigt tel ou tel».

Dans les couloirs du Bella Center, qui accueille chaque plus de 15.000 délégués du monde entier, des centaines de jeunes gens arboraient jeudi des tee-shirts orange vif demandant: «Quel âge auras-tu en 2050?», interpellation directe aux plus âgés, tentés de prendre la question du réchauffement de la planète à la légère.