Le réchauffement à long terme dû à l'augmentation des concentrations de gaz à effet de serre pourrait être de 30 à 50% plus élevé que prévu, selon une étude sur les climats du passé parue dimanche dans la revue spécialisée Nature Geoscience.

Les capacités actuelles des ordinateurs ne permettent pas de rendre compte de la complexité de tous les facteurs à long terme. C'est pourquoi les scientifiques se tournent vers le passé de la Terre pour essayer d'en savoir plus.

Une équipe de scientifiques réunie autour de Daniel Lunt, de l'université de Bristol en Grande-Bretagne a analysé les températures et le concentration en CO2 au Pliocène moyen, il y a trois millions d'années.

Les températures étaient de 3 à 5 degrés plus chaudes qu'aujourd'hui, alors que l'atmosphère contenait 400 parties par millions (ppm) de dioxyde de carbone (CO2), soit à peine plus que les 387 ppm actuels.

Par rapport à la concentration en CO2 à cette époque, les températures du Pliocène moyen sont donc de 30% à 50% plus élevées que ce que laissent supposer les modèles du Groupe intergouvernemental d'études sur le climat (GIEC) de l'ONU, notent les auteurs.

Les travaux du GIEC ne prennent pas en compte les changements d'éléments de notre système climatique «dont les variations sont lentes, comme la glace et la végétation», a expliqué à l'AFP M. Lunt.

L'étude ne remet pas en cause les conclusions des modèles climatiques pour le siècle en cours, mais interroge les chercheurs sur le niveau de stabilisation requis pour éviter à plus long terme l'emballement de la machine.

«Nos travaux montrent qu'à 400 ppm, nous aurons plus de deux degrés» de réchauffement. «Pour nous stabiliser à deux degrés, nous devrions nous fixer pour objectif à peu près 380 ppm», soit une réduction par rapport au niveau actuel, explique-t-il.

Dans un débat sur ce que devrait être le niveau de stabilisation du CO2, «il est vraiment important de connaître les conséquences à long terme des émissions», souligne M. Lunt à la veille de l'ouverture du sommet sur le climat de Copenhague.

Mais même si l'homme arrêtait demain d'émettre du CO2, son niveau dans l'atmosphère ne commencerait à baisser qu'au bout de plusieurs siècles.