Approche «morcelée», stratégies «fragmentaires», manque d'information de qualité, absence de plan directeur: la gestion des programmes environnementaux du gouvernement fédéral comporte de nombreuses failles, constate, à nouveau, le commissaire à l'environnement, Scott Vaughan.

«Le gouvernement n'est pas en mesure d'indiquer si les programmes fédéraux contribuent, ensemble, à protéger les grands écosystèmes du Canada contre le genre de dégradations qui sont signalées à l'échelle mondiale», souligne M. Vaughan, dans un rapport déposé à la Chambre des communes, à Ottawa, mardi.

Les évaluations environnementales, notamment, posent problème. Si dans l'ensemble, le commissaire constate que les organisations fédérales se sont conformées aux exigences de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, une révision des dossiers d'examens préalables a démontré des lacunes dans la moitié des cas. «Les justifications ou l'analyse présentées ne permettaient pas d'établir si les effets environnementaux avaient été correctement pris en compte et si des mesures avaient été prises pour les atténuer», a souligné le commissaire en conférence de presse.

«L'évaluation des conséquences qu'un projet pourrait avoir sur l'environnement, à l'étape de la planification, est un principe fondamental de bonne gestion environnementale», a-t-il ajouté.

De plus, l'Agence n'a aucun moyen d'assurer la qualité des évaluations environnementales effectuées, faute d'avoir adopté des mesures en ce sens.

«Environ 80 000 évaluations environnementales ont été déclenchées depuis 14 ans, a dit M. Vaughan. Mais comme elle n'a pas de programme d'assurance de la qualité, l'Agence ne sait pas si les évaluations faites sont de qualité et si elles contribuent vraiment à protéger l'environnement.»

Aussi, le gouvernement peine selon lui à informer adéquatement la population quant aux risques liés aux substances toxiques.

Mais le commissaire à l'environnement n'est pas le seul à critiquer le rôle du fédéral en environnement. La vérificatrice générale, Sheila Fraser, qui déposait son rapport le même jour, déplore que les habitants des réserves autochtones soient «beaucoup moins bien protégés contre les menaces environnementales que les autres Canadiens». N'étant pas assujettis aux réglementations municipales et provinciales, les réserves doivent compter sur le fédéral pour des choses aussi simples que la gestion des dépotoirs d'ordures ou le traitement des eaux usées. Or, la vérificatrice constate dans son rapport que peu de règlements fédéraux sont en place pour protéger l'environnement dans les réserves.