Les États-Unis seront sur la sellette au sommet de l'ONU sur le climat mardi, les Européens les critiquant ouvertement pour la lenteur de leur Congrès à agir tandis que les pays en développement les pressent de s'engager pour les aider à combattre le réchauffement.

À moins de trois mois de la conférence de Copenhague (7-18 décembre), nombre de responsables ne dissimulent pas leur pessimisme évoquant les désaccords persistants entre nations développées et en développement sur les moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Afin de faire davantage participer les dirigeants aux négociations et de tenter de redonner un élan politique à ce processus, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon les invite à ce sommet.

«Je les presse de parler et d'agir en dirigeants mondiaux, au-delà de leurs frontières nationales», a-t-il lancé jeudi .

L'effort pour sauver Copenhague, a commencé avec la réunion à Washington des représentants du Forum des principales économies développées et émergeantes responsables de 80% des émissions carboniques de la planète.

Si «les divergences se sont quelque peu aplanies» les désaccords subsistent, avait indiqué vendredi à l'issue de ces deux jours de discussions l'émissaire américain sur le changement climatique, Todd Stern.

Ces discussions ont porté sur les efforts de réduction des émissions de ces pays, les mesures d'adaption et les technologies.

Double fossé

Au sommet de mardi «il y aura une énorme tentation (de certains leaders ndlr) de faire monter la pression pour conclure un accord définitif sur le climat à Copenhague, ce qui serait très périlleux», indique à l'AFP Michael Levi, expert au Council on Foreign Relations, un institut privé de recherche.

«Il serait beaucoup plus productif si les chefs d'État fixaient un ordre du jour réaliste à leurs négociateurs» tel un accord sur une feuille de route, ajoute-t-il en référence «aux très fortes pressions exercées par les Européens» sur Washington.

«Après la division entre pays développés et en développement sur le climat étalée publiquement s'ajoute maintenant un fossé transatlantique grandissant, ce qui est dangereux», juge cet expert citant de récentes déclarations de l'ambassadeur de l'Union européenne à Washington John Bruton.

Il a dit que «les États-Unis ne paraissaient pas prendre au sérieux leurs engagements internationaux» alors que le Sénat ne semble pas disposé à adopter un projet de loi sur le climat avant 2010.

Le chef de la majorité démocrate du Sénat Harry Reid a récemment douté de l'adoption d'une telle loi en 2009 et indiqué que la réforme sur la santé était prioritaire.

En outre, Washington se refuse toujours à avancer une aide chiffrée aux pays en développement pour lutter contre le réchauffement et ses effets alors que l'Europe a déjà dévoilé une assistance de 100 milliards d'euro annuellement.

John Bruton avait aussi dit que le monde ne pouvait pas attendre qu'un seul pays se décide pour conclure un accord.

Un accord du type Kyoto 2 sans l'aval américain «serait de mauvaise augure», juge Michael Levi.

Rejetant les accusations européennes, Todd Stern avait dit vendredi que le Congrès poursuivait son travail et souligné l'ampleur des tâches, notamment la réforme de la santé.

Il avait cité les efforts importants de Barack Obama sur le front du climat et le vote par la Chambre des représentants d'un texte pour réduire de façon contraignante les émissions de CO2 et encourager les énergies propres.

Le président Obama «sait qu'il ne peut pas préjuger devant l'ONU de ce que décidera le Congrès» faisant que probablement «il parlera en termes assez généraux sur le climat» dans son intervention de mardi, selon Michael Levi.

«La chose à surveiller est comment il va définir les attentes américaines pour Copenhague» ajout-t-il.