La France et l'Allemagne soutiennent le principe d'une taxe carbone pour les mauvais élèves en matière de réduction des gaz à effet de serre et souhaitent la création d'une organisation mondiale de l'environnement, dans une lettre vendredi au secrétaire général de l'ONU.

«Il ne serait pas acceptable que les efforts des pays les plus ambitieux soient compromis par les fuites de carbone qui résulteraient de l'absence ou de l'insuffisance d'action de certains», écrivent le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel dans ce courrier à Ban Ki-moon rendu public par l'Elysée. «Pour cette raison, il doit être possible de mettre en place des mesures d'ajustement appropriées visant les pays qui ne respecteraient pas cet accord ou n'en seraient pas partie», ajoutent M. Sarkozy et Mme Merkel en faisant référence à un accord qui serait obtenu à la conférence sur le climat de Copenhague en décembre.

Le chef de l'État français, qui vient d'annoncer l'entrée en vigueur dès 2010 d'une taxe carbone en France, s'est prononcé à plusieurs reprises pour la mise en place d'une mesure équivalente aux frontières de l'Union européenne (UE) afin de préserver une «concurrence loyale et équitable» entre les entreprises de ses membres et celles des pays moins «verts».

L'Allemagne s'était jusque-là montrée plus réservée sur ce type de mécanisme. En juillet dernier, le secrétaire d'État allemand à l'Environnement Matthias Machnig avait ainsi craint qu'une telle taxe soit perçue par les pays en développement comme «une nouvelle forme d'éco-impérialisme».

Dans ce courrier, les deux dirigeants estiment qu'une «nouvelle architecture institutionnelle devra être mise en place et favoriser l'émergence d'une droit international de l'environnement» et souhaitent des progrès «sur la voie de la création d'une organisation mondiale de l'environnement».

Leur lettre a été publiée à la veille du sommet sur le climat qui doit se tenir mardi prochain à New York pour relancer les négociations afin d'aboutir à un accord à Copenhague.

M. Sarkozy et Mme Merkel y souhaitent que le sommet de New York permette de déboucher sur un consensus sur quatre points essentiels, dont la réduction d'au moins 50% des émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici à 2050 par rapport à 1990, adoptés par les pays du G8 en juillet.

Ils demandent également des «engagements contraignants et ambitieux des pays développés», conformes avec l'objectif de -80% d'émissions d'ici à 2050 adoptés par ceux du G8, avec des «efforts comparables» à partir de 2020.

Les pays émergents doivent pour leur part s'engager à «réduire la croissance de leurs émissions par rapport au niveau actuel», à adopter «un calendrier» de réduction et publier avant 2012 des «plans de croissance sobre en carbone», plaident aussi le président et la chancelière.

Enfin, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel prônent la définition de mécanismes permettant de soutenir les politiques de réduction des émissions de CO2 dans les pays en développement, en matière de financement comme de coopération technologique.