Montréal aura bientôt sa toute première éolienne de taille, un projet-pilote qui, s'il s'avère un succès, pourrait bien faire des petits dans l'île.

L'arrondissement de Saint-Laurent se prépare en effet à installer, dans les semaines à venir, une éolienne à trois pales haute de 9 m dans un parc situé à mi-chemin entre un secteur résidentiel et un secteur industriel.

L'objectif n'est pas de copier ce qui se fait en région, où les éoliennes mesurent entre 45 m (Matane et Cap-Chat) et 60 m (Rimouski et Murdochville), mais plutôt de se contenter d'alimenter le système d'éclairage du parc Philippe-Laheurte, où l'éolienne sera érigée. D'une puissance de 2000 W, elle produira une charge d'éclairage de quelque 800 W.

Cela sera suffisant, croit-on, pour faire fonctionner les lampadaires qui éclairent les sentiers piétonniers et les pistes cyclables, les terrains de tennis, de basketball et de soccer ainsi que la toute récente sculpture de l'artiste Claude Millette, inaugurée cet été.

«À plus de 30 pieds de hauteur, c'est probablement la première éolienne d'une telle envergure à Montréal, se réjouit le maire de l'arrondissement et responsable de l'environnement au comité exécutif, Alan DeSousa. Il y a en outre très peu d'expériences d'éoliennes en milieu urbain, ce sera donc un projet-pilote intéressant à suivre.»

Le parc Philippe-Laheurte occupe la portion sud du projet domiciliaire Nouveau-Saint-Laurent (autour des rues Ernest-Hemingway, Cavendish et Raymond-Lasnier). Pour le maire de l'arrondissement, Alan DeSousa, cette zone-tampon entre résidences et industries est l'endroit idéal pour ériger une éolienne.

«Dans la vie, il ne faut pas avoir peur de prendre des risques, indique-t-il. Ce projet-pilote nous permettra de répondre à bien des questions: est-ce un outil approprié pour notre communauté? Est-ce que l'énergie produite sera suffisante pour alimenter tous les lampadaires? Quel impact aura l'éolienne sur les oiseaux et les chauves-souris?»

Il faudra aussi voir s'il y a suffisamment de vent. À Longueuil, d'ailleurs, l'administration Gladu a décidé de ne pas ériger d'éoliennes sur son territoire, faute de vent. Cette décision a été prise à la suite d'une étude de quelque 40 000$, décriée par les maires de la Rive-Sud pour son caractère farfelu.

À Saint-Laurent, le coût total du projet est évalué à 37 000$, mais l'arrondissement ne paiera qu'un peu moins du tiers de cette somme. L'entreprise Enseigne Valois, «partenaire» du projet, paiera le reste.

Le document de présentation précise qu'un des objectifs du projet est de voir s'il est possible d'ériger des éoliennes dans «l'ensemble des sites potentiels de l'arrondissement».

Cela dépend de l'aspect technique du projet d'énergie renouvelable, mais aussi de ses aspects... humains. La volonté des élus pourrait bien se heurter à certains obstacles dans cet arrondissement déjà touché par les nuisances de l'aéroport et de certaines industries, comme le démontre une lettre publiée dans la dernière livraison des Nouvelles Saint-Laurent.

«Notre arrondissement veut que nous servions de cobayes pour un projet-pilote d'éolienne, se désole son auteure, Josette Lincourt. Ce n'est pas aux contribuables qu'on veut faire plaisir, mais aux constructeurs d'éoliennes. Réveillons-nous, les élections s'en viennent!»