Les camions publicitaires sont interdits à Montréal? Qu'à cela ne tienne, l'entreprise CityFlitz offrira sous peu des autos entièrement drapées de publicité, en location pour 1$ par jour...

Une condition s'applique toutefois: il faut parcourir 30 km dans les rues les plus congestionnées, une contrainte qui irrite la Ville de Montréal au point où elle évalue actuellement la «conformité réglementaire» de ce service, a appris La Presse.

Déjà implantée à Toronto et à Vancouver, l'entreprise ontarienne CityFlitz lance cette semaine la version montréalaise de son service de location nouveau genre.

Des rues déjà encombrées

Pour en profiter, les intéressés devront d'abord débourser 35$ pour devenir membre, puis 7$ par mois. Ils devront aussi posséder une carte de crédit qui offre un programme d'assurance et présenter un bilan de conduite irréprochable.

Cela leur permettra de réserver l'un des véhicules de l'entreprise pour 24 heures à la fois, période pendant laquelle ils devront obligatoirement sillonner l'une des «Flitz-zones» désignées sur une distance d'au moins 30 km (chaque kilomètre non parcouru coûtera 4$ à l'abonné).

S'ils dévient du parcours avec le véhicule (doté d'un système GPS), les conducteurs seront frappés d'une amende de 500 $. Idem s'ils dépassent la vitesse permise par la municipalité.

L'idée, évidemment, est de faire payer aux annonceurs le coût des véhicules, en échange de quoi leur marque fait le tour de la ville dans les secteurs les plus achalandés. Selon CityFlitz, les autos publicitaires sont vues en moyenne de 50 000 à 70 000 fois par jour, comparativement à 30 000 pour une affiche géante.

«Inapproprié»

Le concept soulève toutefois l'ire des environnementalistes et le scepticisme de la Ville de Montréal, qui pourraient bien tuer dans l'oeuf ce projet s'il était jugé contraire aux règlements municipaux.

«Au cours des prochaines semaines, nous allons examiner l'encadrement réglementaire pour déterminer la conformité de ce service par rapport aux règlements municipaux existants, indique Gonzalo Nunez, porte-parole de la Ville. Il est trop tôt pour déterminer si des mesures seront prises.»

Une chose est sûre, cela dit, «le fait de permettre à des véhicules de promenade de servir d'outils promotionnels n'est pas en lien avec les orientations de la Ville en matière de développement durable», ajoute-t-il.

Même son de cloche du côté des écologistes, qui s'élèvent contre l'ajout de voitures supplémentaires dans les rues congestionnées de Montréal. «C'est tout à fait inapproprié, lance André Porlier, du Conseil régional de l'environnement de Montréal. Le problème n'est pas tant l'offre de location d'autos que les 30 km à parcourir obligatoirement dans les secteurs les plus achalandés.»

Reste à voir comment les «Flitz-zones» seront délimitées, mais si l'on se fie aux expériences de Toronto et de Vancouver, il s'agit sans surprise des secteurs les plus centraux, donc les plus congestionnés. «Cela va à l'encontre de ce que prêche la Ville», ajoute M. Porlier.

Cela étant, CityFlitz se présente comme une entreprise «verte» sur son site web, d'autant plus qu'il n'offre que des Mini et des Smart, des autos qui consomment peu d'essence.

Les dirigeants parlent même de leur organisation comme d'une entreprise d'autopartage, même si leurs membres n'ont pas le droit de quitter la zone de conduite prédéterminée, et même s'ils doivent réserver leur véhicule au moins 48 heures à l'avance.

Pas un service d'autopartage

Or, pour l'entreprise québécoise Communauto, CityFlitz «ne doit pas être confondu avec un service d'autopartage». «Ce concept n'a pas la souplesse nécessaire pour devenir une réelle solution de rechange à la possession de la voiture, permettant ainsi une réduction de son utilisation», indique le patron de Communauto, Benoît Robert.

Dans un premier temps, CityFlitz offrira 13 véhicules à ses membres montréalais. C'est plus qu'à Vancouver, où l'entreprise compte neuf autos, mais moins qu'à Toronto, où le parc dépasse la trentaine de véhicules.

L'entreprise organisera des rencontres pour les médias, aujourd'hui et demain, puis fera un lancement grand public jeudi.