Le Québec peut compter sur l'appui de la France pour peser pleinement dans les débats devant mener, à la fin de l'année, à l'élaboration d'une nouvelle convention internationale sur les émissions de gaz à effet de serre.

«Il ne serait pas anormal que les grands États comme le Québec puissent faire entendre leur voix dans cette discussion... Nous allons essayer de faire en sorte que ce soit le cas», a déclaré hier le premier ministre français, François Fillon, à l'issue d'un déjeuner avec son homologue québécois, Jean Charest, à Paris.

 

Le politicien français a indiqué, lors d'un point de presse commun, que la province disposait d'une grande expertise en matière d'environnement et de lutte contre le réchauffement climatique qui devait être mise à profit au plan international.

Soucieux de ne pas s'avancer plus avant sur le plan diplomatique pour ne pas froisser Ottawa, M. Fillon a répété qu'il ne souhaitait d'aucune manière déterminer quelle devait être la «composition de la délégation canadienne» qui se rendra à Copenhague à la fin de l'année pour discuter de la nouvelle convention.

Lors de son passage à Bruxelles il y a quelques jours, Jean Charest avait prévenu le gouvernement fédéral qu'il était nécessaire de consulter largement les provinces avant d'aller de l'avant dans ce domaine.

«Peu importe l'entente convenue à Copenhague, sa mise en oeuvre dépendra de notre participation et de notre adhésion», a souligné le premier ministre québécois, qui défend un programme de réduction des gaz à effet de serre plus agressif que celui d'Ottawa, très sensible aux doléances des producteurs de pétrole de l'Alberta.

Hier, M. Charest a réitéré que le Québec «adhérait au protocole de Kyoto et allait atteindre les objectifs du protocole de Kyoto» en obtenant que les émissions de la province soient, en 2012, inférieures de 6% à celles de 1990.

Économie

Outre l'environnement, les deux hommes politiques ont largement traité d'économie. Le premier ministre québécois a fait plaisir à son homologue en relevant, sans parler de l'explosion du déficit du pays, que la France semblait «mieux tirer son épingle du jeu» face à la crise actuelle que les autres États européens.

M. Charest a indiqué que le Québec avait lui aussi lancé un important plan de relance - représentant près de 5% de son PIB - qui donnait aujourd'hui des «résultats tangibles».

Comme il l'a fait aux étapes précédentes de son voyage, qui prend fin aujourd'hui, le politicien québécois a profité de l'occasion pour plaider en faveur d'un accord de libre-échange entre le Canada et l'Europe susceptible, selon lui, de soutenir la croissance économique des deux côtés de l'océan Atlantique.

La concrétisation, déjà annoncée, d'une entente d'envergure sur la mobilité de la main-d'oeuvre entre la France et le Québec constitue un pas important en ce sens puisqu'elle crée un «corridor de mobilité» entre les deux continents, a souligné M. Charest.

M. Fillon a salué l'entente comme la preuve que les relations franco-québécoises «ne cessent de se densifier».