Située dans les montagnes, à 65 km de Rio, la ville touristique de Petropolis est devenue la capitale brésilienne de l'énergie propre grâce à un projet de production d'énergie à partir des eaux usées.

L'idée, à l'initiative d'une organisation non gouvernementale, l'Institut environnemental (OIA), a déjà servi de modèle au Nicaragua, en République Dominicaine, en Haïti et en Espagne et se fonde sur un principe simple: un biodigesteur traite les eaux usées pour produire de l'énergie.

Petropolis, pionnier au Brésil, compte aujourd'hui plus de 80 biodigesteurs. Cette technique permet, après trois phases de fermentation, de récupérer le biogaz - un mélange de méthane et de carbone - produit naturellement à partir des eaux usées et le canalise pour usage domestique.

«Ce gaz à effet de serre, nuisible pour l'atmosphère quand il est libéré, est récupéré de façon utile», a expliqué à l'AFP Jorge Gaiofato, directeur technique de l'OIA.

La boue qui résulte du traitement du biodigesteur peut être utilisée comme engrais pour les cultures et l'eau restante, moins contaminée, peut être déversée dans les rivières voisines.

Ce projet peut avoir un grand avenir au Brésil, où d'après les statistiques officielles, un peu plus de la moitié des communes font la collecte des eaux usées et seulement 20% les traitent, selon M. Gaiofato.

Cette énergie propre alimente aujourd'hui cinq quartiers populaires de Petropolis, l'ancienne ville impériale de l'État de Rio, soit 20 000 personnes environ.

«Le biodigesteur recycle et réutilise les eaux usées. Les traiter est le rôle du gouvernement car le volume produit est trop grand. Cependant, le biodigesteur est une solution pour des systèmes situés là où il n'y pas de réseau» de collecte et de traitement des eaux usées, a précisé le responsable de l'OIA.

Quand dix maisons traitent leurs effluents urbains avec des biodigesteurs, cela produit suffisemment de gaz pour permettre à l'une d'entre elles d'être autosuffisante en gaz, a-t-il ajouté.

L'entreprise Aguas do Imperador, en charge des services d'assainissement de Petropolis, a ainsi adopté le système du biodigesteur dans les favelas de la ville.

De plus, le coût d'un biodigesteur est jusqu'à trois fois moins cher que l'installation d'un réseau traditionnel de traitement des eaux usées.

Selon l'ONG, le coût d'un biodigesteur capable de couvrir quatre maisons est de 1000 à 1500 dollars.

Il y a deux mois, Gean Carlos dos Santos, un professeur de 35 ans, a changé la fosse septique de sa maison contre un biodigesteur qu'il a aidé à construire.

«J'avais une fosse septique et, après un cours d'écologie, j'ai décidé de la changer contre un biodigesteur. Nous ne polluons plus la rivière et, de plus, nous pouvons utiliser le biogaz» pour la cuisine, a-t-il dit. L'économie avec le biogaz est si grande qu'il pense maintenant l'utiliser pour chauffer l'eau.