Ottawa retarde l'adoption de son cadre réglementaire de lutte contre les changements climatiques pour suivre l'échéancier américain. À l'instar des États-Unis, les entreprises canadiennes ne seraient donc pas contraintes de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre avant 2012, voire 2016 pour certaines d'entre elles, a affirmé hier le ministre de l'Environnement, Jim Prentice.

«Pour assurer notre compétitivité industrielle, pour protéger nos emplois et nos investissements, nous devrons nous assurer que les dates de mise en application des politiques canadiennes de lutte contre les changements climatiques soient harmonisées avec celles des États-Unis», a expliqué le ministre en téléconférence, alors qu'il se trouvait à Londres.

 

En 2008, le gouvernement conservateur avait annoncé qu'une réglementation contraignante pour les industries polluantes entrerait en vigueur en janvier 2010.

Or, hier, M. Prentice a lui-même souligné que les États-Unis étudient actuellement des mesures de réductions des gaz à effet de serre (GES) qui entreraient en vigueur entre 2012 et 2016, selon les secteurs industriels. Ottawa suivra l'exemple américain, a assuré le ministre.

«Ça peut sembler loin dans le temps, mais le fait est que de telles réglementations sont très complexes. Nous, au Canada, ça va nous prendre une partie de l'année 2010 pour développer notre cadre réglementaire, alors 2012, ce n'est pas si loin», a-t-il ajouté.

Le ministre a toutefois assuré que le Canada respecterait ses engagements et que les politiques spécifiques à chaque «source d'émissions» seraient prêtes pour la conférence internationale de Copenhague, en décembre 2009.

«Les dates réelles d'entrée en vigueur de ces réglementations feront l'objet de discussions avec nos partenaires continentaux et internationaux», a-t-il néanmoins précisé hier.

Depuis l'arrivée en poste du président Barack Obama et le changement radical de direction dans la politique américaine en environnement, Ottawa préconise une approche continentale plutôt que nationale pour lutter contre les changements climatiques.

L'opposition à Ottawa a vivement réagi aux propos du ministre.

«M. Prentice a abandonné la souveraineté du Canada dans le domaine des changements climatiques, a dénoncé le critique libéral en matière d'environnement, David McGuinty. On voit maintenant que le plan canadien est fait aux États-Unis. M. Prentice attend Washington pour tout: le permis d'échange, le prix sur le carbone, la période de mise en oeuvre, les discussions avec la Chine et les autres pays.»