Les prévisions de réductions des émissions de gaz à effet de serre énoncées par le gouvernement conservateur sont au moins deux fois plus élevées que ce qui risque de se réaliser, a indiqué mardi, à Ottawa, le Commissaire à l'environnement du Canada.

Scott Vaughan a soutenu qu'une grande partie des réductions de gaz à effet de serre promises par le gouvernement conservateur ne se concrétisera pas.

«Je vous dirais qu'elles sont du double, et peut-être même un peu plus», a répondu M. Vaughn lorsqu'il a été invité à préciser à quel point les prévisions des conservateurs surpassaient la réalité.

M. Vaughan comparaissait devant le Comité sur l'environnement de la Chambre des communes pour parler du rapport qu'il a déposé il y a quelques jours. Ce rapport conclut que les conservateurs ont surévalué les estimations de réduction de gaz à effet de serre dans leur Plan vert - sans toutefois dire dans quelle proportion.

Le député néo-démocrate Nathan Cullen a comparé les surestimations environnementales des conservateurs à leurs sous-estimations du déficit pour 2009-2010. «Ca ressemble aux déficits de ce gouvernement. Ils ont tendance à rater la cible par de grandes marges», a ironisé M. Cullen.

De passage à Paris pour participer au Forum des grandes économies, le ministre de l'Environnement, Jim Prentice, n'a pu être joint. Un porte-parole a réagi, sans toutefois s'attarder sur les propos de M. Vaughan.

«Nous avons mis de l'avant de nouvelles et sévères réglementations pour limiter les émissions de gaz à effet de serre en provenance du secteur de l'automobile, nous investissons dans des technologies à basse teneur en carbone, dont la capture et le stockage de carbone, et nous travaillons avec les Etats-Unis afin d'établir un dialogue sur l'énergie propre», a déclaré Frédéric Baril, dans un courriel.

«Nous continuons aussi de peaufiner nos politiques intérieures et nous avons l'intention de légiférer en matière de réduction des gaz à effet de serre, à partir du cadre de réglementation en place, d'ici l'année à venir», a ajouté M. Baril.

Le rapport de M. Vaughn notait également qu'Environnement Canada pouvait difficilement déterminer à quel point certaines politiques particulières permettaient de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

En vertu du Protocole de Kyoto, le Canada devait réduire ses émissions de gaz à effet de serre à six pour cent des niveaux de 1990, entre 2008 et 2012. Les conservateurs ont toutefois affirmé que de telles cibles étaient inatteignables en raison de l'inaction de leurs prédécesseurs libéraux.

Ils ont plutôt adopté un plan plus modeste dont l'objectif est de les faire passer à 20 pour cent des niveaux produits en 2006, et ce d'ici 2020.

Les organisations environnementales et les partis d'opposition ont critiqué le plan d'action des conservateurs, parce qu'il utilisait 2006 comme barème, une année où le niveau d'émissions a été plus élevé qu'en 1990.

En 1990, le Canada a émis 592 mégatonnes de dioxyde de carbone, comparativement à 721 mégatonnes en 2006.

Pour atteindre ses objectifs, le gouvernement a proposé des mesures régulatoires, une approche de type «plafonds d'émissions et échanges de crédits», des investissements dans des fondations consacrées à la technologie verte, et des crédits offerts aux compagnies qui réduisent hâtivement leurs émissions.