Montréal a mis en fonction à 11h ce matin son tout nouveau réseau de vélos en libre-service. Hormis le site internet du Bixi, non fonctionnel à l'heure du dîner, le lancement du système semble s'être fait en douceur.

Les Montréalais, pour leur part, ont préféré approcher ces drôles de vélos avec circonspection, plutôt que de prendre les stations d'assaut. La curiosité a ainsi pris le pas sur l'enthousiasme, selon les observations de La Presse.

Après une inauguration officielle à la station Bixi de l'hôtel de ville, courue par bon nombre de journalistes dont celui du New York Times, les autorités ont mis en service les 65 stationnements installés ces dernières semaines dans trois arrondissements (224 vélos sont actuellement disponibles).

«C'est à vous, Montréalais, de nous dire maintenant si vous allez l'utiliser, comme moi je l'utiliserai», a lancé le maire de Montréal, Gérald Tremblay, avec fort enthousiasme.

L'ensemble des 300 stations devraient êtres installées «le plus tôt possible», selon le maire, pour accueillir les 3000 Bixi prévus. Pour l'instant, la soixantaine de stations se concentrent dans les arrondissements Plateau-Mont-Royal, Ville-Marie et Rosemont-La Petite-Patrie. Outremont, Sud-Ouest et Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension seront les prochains.

Les stations seront toutes situées, à terme, dans un quadrilatère formé de la rue Jean-Talon au nord, du mont Royal et de la rue Atwater à l'ouest, du fleuve au sud et de la rue d'Iberville à l'est.

Le service vise à offrir aux citoyens et touristes un moyen de transport d'appoint, d'où la proximité des stations qui sont situées en moyenne à quelque 300 mètres les unes des autres. Il est possible de s'y abonner pour un an (78 $) ou 30 jours (28 $) par internet, ou de payer pour des utilisations de 24 heures (5 $).

L'abonné ainsi que l'usager ponctuel ont ensuite accès à la même grille de tarifs : ils ont droit à autant de 30 minutes gratuites qu'ils le désirent, à condition de revenir à une station à chaque demi-heure pour remettre le compteur à zéro. Sinon, il leur en coûtera 1,50 $ pour la première demi-heure supplémentaire, 3 $ pour la deuxième et 6 $ pour la troisième.

STM + Bixi

Aujourd'hui, la STM a confirmé qu'elle offrait dorénavant à ses clients les plus fidèles une réduction de moitié du coût de l'abonnement au service Bixi, à condition qu'ils achètent 12 titres mensuels. Tout comme les abonnés du service de covoiturage Communauto, ils payeront ainsi 38 $ par année, plutôt que les 79 $ normalement exigés.

S'ils se félicitaient de l'inauguration du Bixi, les représentants de Vélo Québec et d'Équiterre avaient toutefois certaines réserves sur le rabais offert par la STM. «Dès qu'un usager se paye un seul titre mensuel, il devrait avoir accès au rabais, estime Sidney Ribaux, d'Équiterre. L'intérêt du Bixi est précisément d'être une extension du réseau de transport en commun.»

«La STM devrait revoir le système de rabais, afin qu'il profite aussi à ceux qui achètent quelques titres mensuels chaque année», a renchéri Suzanne Lareau, de Vélo Québec. Elle a ajouté qu'elle travaillait à une entente similaire pour les membres de son organisme.

Interrogé à ce propos, le maire Tremblay a reconnu du bout des lèvres que la STM pourrait en faire plus, lorsqu'on a lui a rappelé que certaines personnes n'achetaient pas de titre mensuel durant le mois où ils parent en vacances, par exemple.

«Il faut en effet s'assurer de ne pas pénaliser les gens qui prennent des vacances, a-t-il dit. Nous allons regarder cela.»

Conçu par Michel Dallaire, le Bixi a été construit en collaboration avec l'entreprise du Saguenay Devinci ainsi qu'avec Rio Tinto Alcan. Il s'agira du cinquième réseau en importance en libre-service, après ceux de Paris, Lyon, Barcelone et Shanghai.

«C'est une première nord-américaine, a précisé M. Tremblay. Nous avons avec Bixi une véritable vedette internationale. Même le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a dit qu'il était mieux que le Vélib'.»