L'assassinat d'un des plus importants mécènes environnementaux au pays, il y a deux ans à Toronto, commence à poser de sérieux problèmes financiers à certains groupes écologistes, dont le Sierra Club, qui peine à poursuivre normalement ses activités.

Tué par balle dans le stationnement d'un groupe environnemental en mai 2007, le multimillionnaire canadien Glen Davis était le principal bailleur de fonds du Sierra Club du Canada, tout en étant un important donateur du World Wildlife Fund (WWF), de la Société pour la nature et les parcs (SNAP) ainsi que de l'organisme Ecojustice.

 

Alors que ces derniers ont dû revoir certains programmes et ont dû modifier leurs pratiques de financement, tout au plus, le Sierra Club a été obligé de remercier le cinquième de tous ses employés au cours des derniers mois, de mettre fin aux contrats le liant à la plupart de ses collaborateurs et même de revoir de fond en comble son fonctionnement. La section québécoise de l'organisme ne compte aujourd'hui plus aucun employé.

Certains membres du conseil d'administration parlent même d'une «tempête parfaite» pour le Sierra Club, car la disparition de Glen Davis s'ajoute à deux autres problèmes de taille pour l'organisme, soit le départ de l'ancienne directrice Elizabeth May, aujourd'hui chef du Parti vert, et la crise économique.

«Lorsque Elizabeth est partie, nous avions déjà tout un défi entre les mains, a indiqué Holly Dressel, membre du conseil d'administration du Sierra Club. Puis Glen Davis a été assassiné. À la surprise générale, il n'a pas laissé derrière lui un testament précis permettant une poursuite du financement.»

Le problème est plus criant pour le Sierra Club que pour les autres groupes, car celui-ci recevait plus d'argent que les autres. Une certaine dépendance s'est ainsi développée, ce qui oblige aujourd'hui l'organisme à repenser complètement sa façon de faire.

«Nous faisons face à d'importants défis économiques, reconnaît le directeur du groupe, Stephen Hazell. Nous avons ainsi dû réduire notre personnel de 20% ces dernières années et nous sommes en pleine refonte.»

Inspiré par les groupes ayant permis à Barack Obama de prendre la tête des États-Unis, comme MoveOn et Democracy for America, le Sierra Club compte se rapprocher de sa base, ses membres individuels, et profiter davantage de l'internet pour mener ses campagnes de financement.

«Tout cela va permettre à l'organisation de se recentrer, de redéfinir une véritable vision nationale», estime Daniel Green, jusqu'à tout récemment le porte-parole du Sierra Club au Québec. Remercié en raison des problèmes financiers du groupe, il espère que l'organisme en profitera aussi pour prendre plus de place au Québec.

Le Sierra Club compte un million de membres en Amérique du Nord, dont 10 000 au Canada. Refusant l'argent des gouvernements et des grandes entreprises, pour des raisons de liberté d'action, le groupe se finance uniquement par les dons de ses membres.

Notons que la police de Toronto a arrêté il y a quelques jours les présumés meurtriers du philanthrope Glen Davis, dont la fortune provenait principalement de son père, le commerçant Nelson M. Davis. Parmi les trois suspects se trouve son neveu, Marshall Ross, qui avait contracté certaines dettes financières envers son oncle.