Ni Montréal ni Laval n'entendent plier devant les menaces de fermeture du centre de tri de Montréal. Mais les deux villes pensent néanmoins avoir trouvé une solution.

Lors d'une rencontre à huis clos entre Recyc-Québec et la Ville de Montréal, la semaine dernière, l'administration Tremblay a proposé que le centre de tri exploité par Tiru puisse bénéficier rétroactivement du programme provincial de modernisation des équipements, a appris La Presse.

Coïncidence ou pas, la même semaine, la Ville de Laval promettait au Groupe Tiru de faire les représentations nécessaires auprès du gouvernement pour que ledit programme profite à leur centre de tri.

Annoncé à la fin janvier, le programme d'aide en question doit s'étaler de 2009 à 2012. Doté d'une enveloppe de quelque 5 millions de dollars, il vise notamment à accroître la modernisation des centres de tri québécois.

«Les montants semblent toucher les mesures futures, mais la crise a commencé en 2008. Il serait donc facile pour la ministre (de l'Environnement, Line Beauchamp) de s'assurer que Tiru est éligible au programme», a indiqué le responsable de l'Environnement à la Ville de Montréal, Alan DeSousa.

Selon des informations non confirmées (Tiru refuse de dévoiler ses chiffres), l'entreprise a investi 2 millions de dollars en 2007, puis 4 millions en 2008 pour moderniser ses installations.

«Ces investissements militent en faveur de Tiru, renchérit le maire de Laval, Gilles Vaillancourt. Si l'entreprise avait droit à cette aide, c'est certain que ce serait un pas intéressant.»

Les réactions de Montréal et de Laval font suite à l'ultimatum lancé par le Groupe Tiru, filiale du géant français EDF, qui menace de mettre fin à ses activités s'il n'obtient l'aide de personne.

Propriétaire du centre de tri Saint-Michel, l'entreprise évalue ses pertes hebdomadaires à quelque 150 000 $. Cela est attribuable à son plan d'affaires, qui n'est plus adapté à la situation économique. L'an dernier, Tiru a proposé à Montréal et Laval de prendre leurs matières recyclables tout à fait gratuitement, estimant pouvoir faire des profits uniquement en les revendant sur le marché. Or, ce marché s'est effondré.

Cela dit, une portion de l'enveloppe de 5 millions aiderait-elle réellement l'entreprise à se redresser ? «Cela peut être une piste de solution, indique Michel Parent, de Tiru. Mais il ne faut pas oublier que d'autres centres de tri ont aussi investi, comme Tricentris et Matrec. L'enveloppe de 4,8 millions serait-elle assez grosse ? J'en doute.»

À Québec, on ne veut pas se mouiller pour l'instant. Au cabinet de la ministre Beauchamp, on renvoie la balle au comité conjoint sur le marché des matières recyclables, mis sur pied il y a quelques semaines.

«Les paramètres du programme n'ont pas encore été fixés, a indiqué Dave Leclerc, porte-parole de la ministre. Les municipalités pourront donc faire leurs recommandations au comité. Tout cela sera pris en délibéré.»