Les régions des océans riches en fer contiennent beaucoup de phytoplancton et absorbent plus de CO2, mais une grande partie du ce dioxyde de carbone n'est pas stockée en profondeur mais relâchée dans l'atmosphère, selon une étude publiée mercredi dans la revue Nature.

C'est le constat fait par une équipe internationale de chercheurs qui ont analysé les données recueillies en 2004-2005 dans le cadre d'un programme de recherches océanographiques intitulé Crozex, qui a examiné les effets des apports naturels en fer dans l'océan autour de l'archipel de Crozet, situé à environ 2500 km au sud de Madagascar.

A travers la photosynthèse, des milliards de phytoplanctons répartis sur une surface de la taille de la Belgique autour de l'archipel de Crozet absorbent naturellement de grandes quantités de CO2 présent dans l'atmosphère.

L'Allemagne a donné lundi son feu vert à une mission contestée visant à larguer six tonnes de fer sous forme de nanoparticules dans l'océan pour augmenter la quantité de phytoplancton sur une surface de 300 km2 de l'océan sub-antarctique, afin d'accroître sa capacité d'absorption de CO2, et combattre ainsi le réchauffement climatique.

Certains experts craignent de possibles effets secondaires imprévus d'une telle expérience.

Selon un communiqué du National Oceanography Centre de Southampton, dont des chercheurs ont participé à l'étude de Nature, «bien que les proliférations d'algues (de phytoplancton, naturelles ou artificielles) retiennent de grandes quantités de carbone, une grande part est rejetée dans l'atmosphère sous forme de CO2».

Seule une petite partie du CO2 absorbée par le phytoplancton est retenue durablement. «Sur cent unités de CO2 fixées par le phytoplancton dans la couche superficielle de l'océan, 90% est recyclée en surface et environ 10% va plonger en dehors de cette zone exposée à la lumière», a déclaré à l'AFP Richard Sanders, un des chercheurs.

De ces 10%, environ la moitié va descendre à plus de 200 mètres, tandis que 1% du total se fixera dans les sédiments qui recouvrent les fonds océaniques.

Les scientifiques affirment d'autre part que la fertilisation naturelle est beaucoup plus efficace que l'apport artificiel de fer.

«La quantité de carbone séquestrée par l'océan profond pour une quantité donnée de fer ajouté est nettement inférieure à certaines estimations de géo-ingénierie faites jusqu'ici», selon le communiqué du National Oceanography Centre.