Alors que de plus en plus de pays lorgnent du côté des eaux arctiques rendues plus accessibles par le réchauffement climatique, une nouvelle étude laisse entendre que des brèches majeures dans les lois et conventions internationales rendent la région vulnérable aux dommages environnementaux qui risquent d'être causés par la course à l'exploitation des ressources.

Clive Tesar, du Fonds mondial pour la nature, l'organisation qui a financé l'étude présentée mardi à Tromso, en Norvège, a soutenu que les intérêts nationaux dans les secteurs de l'énergie, des pêcheries et du transport de marchandises entravaient actuellement la mise en place d'une protection adéquate de l'environnement.

Le rapport souligne qu'il n'y a pas de normes restrictives mondiales pour l'exploitation énergétique, seulement des directives du Conseil de l'Arctique, un regroupement de huit nations sans autorité légale.

Alors que la Convention des Nations unies sur le droit de la mer traite de la réglementation des pêches, la responsabilité de l'implantation de ces règlements est laissée aux États et aux gouvernements. De plus, selon l'organisation, la Convention est remplie d'échappatoires.

Le Fonds mondial pour la nature fait également état de l'absence de normes internationales sur les émissions de gaz à effet de serre des embarcations dans l'Arctique et d'un système clair de voies de transport dans le secteur.

Clive Tesar a affirmé que le rapport visait à convaincre les gouvernements de l'importance d'avoir une vision large et à long terme quand il s'agit du Nord.

«Il faut vraiment faire comprendre aux gouvernements de l'Arctique qu'il y a un intérêt commun qui est de plus grande valeur que l'exploitation par chaque État du plus grand nombre de ressources possibles», a-t-il argué.

Un expert de l'Arctique à l'Université de Toronto, Franklyn Griffiths, s'est dit d'accord avec les conclusions du rapport du Fonds mondial pour la nature.

Mais il a soutenu que les pays de l'Arctique étaient loin d'être prêts à accepter quoi que ce soit qui pourrait leur lier les mains dans un secteur qu'ils considèrent comme leur «propre cour arrière».

«Ils ne veulent pas perdre de liberté d'action et ils ne veulent pas être soumis à des règles contraignantes difficiles à défendre auprès de leur population. Il y a beaucoup de travail à faire», a affirmé M. Griffiths.

Le Canada est aussi coupable que n'importe quel autre pays quant à l'emprise des intérêts particuliers sur les discussions concernant l'Arctique, a soutenu le chercheur de l'Université de Toronto.