Les Européens ont quasiment bouclé un accord sur la manière d'inclure obligatoirement 20% d'énergies renouvelables (éolien, solaire, hydraulique, biocarburants) dans leur consommation énergétique en 2020, l'un des piliers de leur plan de lutte contre le changement climatique.

Chacun des 27 pays de l'UE devra atteindre un objectif national, en détaillant un plan d'attaque les obligeant à investir dans des énergies encore onéreuses.

«Dans les prochains jours, nous serons en mesure de confirmer notre accord», a affirmé jeudi le commissaire européen à l'Energie Andris Piebalgs, devant le Parlement européen.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, des discussions entre le Conseil (qui réunit les gouvernements de l'UE), la Commission et le Parlement ont en effet réglé tous les points en suspens, à l'exception d'une demande de l'Italie.

Le projet de directive prévoit que plusieurs pays pourront s'associer sur des projets communs d'infrastructures d'énergies renouvelables: un investissement belge réalisé en Allemagne sur un parc d'éoliennes pourra rapporter des kilowattheures (kwh) «verts» qui iront dans l'objectif national de renouvelables imposé à la Belgique.

Or l'Italie souhaite que ce mécanisme de coopération soit réévalué en 2014, ce que rejettent les eurodéputés.

Le rapporteur parlementaire du texte, l'eurodéputé Vert luxembourgeois Claude Turmes, estime qu'une révision à si court terme (voulue selon lui par les groupes énergétiques italiens) risque de dissuader les investisseurs.

Il craint aussi que les pays européens n'en profitent pour abaisser leurs objectifs nationaux.

L'Italie pourrait néanmoins renoncer à sa demande d'ici vendredi, selon M. Turmes.

Le ministre français de l'Environnement Jean-Louis Borloo, qui présidait jeudi une réunion de ses homologues européens, a dit lui aussi avoir «plutôt bon espoir».

Les négociateurs ont en revanche réglé le chapitre controversé des renouvelables dans les transports --essentiellement des biocarburants, mais aussi de l'électricité -- qui devront composer obligatoirement 10% du cocktail des carburants utilisés par les Européens en 2020.

Cette partie du texte a donné lieu à des mois de pourparlers pour encadrer strictement l'utilisation des biocarburants, accusés par leurs détracteurs de contribuer à la déforestation de la planète ou encore à la montée des prix alimentaires (récemment retombés).

Les Verts ont négocié âprement pour arracher dans la nuit la promesse d'une future méthode de calcul de l'impact environnnemental «indirect» suscité par la reconversion de certaines terres en cultures pour les biocarburants.

Ils veulent que cet élément entre en ligne de compte dans le calcul des qualités environnementales des biocarburants mis sur le marché. La Commission devra fournir un rapport à ce sujet en décembre 2010.

«L'objectif de 10% de biocarburants consommés en 2020 a été affaibli», s'est réjoui M. Turmes.

Les eurodéputés voulaient qu'au moins 40% des énergies renouvelables utilisées dans les transports proviennent en 2020 d'électricité ou d'hydrogène, ainsi que des biocarburants dits de «deuxième génération» (non issues de la chaîne alimentaire).

Ils n'ont pas eu gain de cause, mais les pays seront néanmoins incités à développer les voitures tournant à l'électricité renouvelable, car elles bénéficieront d'un «bonus» dans le calcul des 10%.

Autre nouveauté introduite par la France, la consommation des trains en électricité renouvelable pourra être comptabilisée dans l'objectif de 10%.

Au terme des négociations, les États membres ne seront pas «pénalisés», comme l'espérait le Parlement, s'ils ne remplissent pas leurs objectifs de renouvelables.