Avec des émissions de gaz à effet de serre en baisse pour la troisième année d'affilée, le Québec se rapproche tranquillement de Kyoto.

La plus récente version de l'Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre, dévoilée hier, confirme en effet une tendance à la baisse depuis 2003, ce qui permet d'envisager le respect futur du traité international, soit une réduction de 6 % des GES par rapport à leur niveau de 1990.«Nous gardons bon espoir d'être peut-être le seul État en Amérique du Nord capable de dire que nous avons atteint Kyoto en 2012», s'est réjouie la ministre de l'Environnement, Line Beauchamp.

Dopées par les véhicules utilitaires sport et les fourgonnettes, les émissions du Québec ont certes augmenté de 1,6% entre 1990 (année de référence du protocole de Kyoto) et 2006. Mais cette hausse apparaît bien faible en comparaison avec la moyenne canadienne de 21,8%.

L'écart entre les provinces les plus importantes démontre que les émissions du pays suivent une évolution à deux vitesses. Alors que le Québec et les provinces maritimes affichent des hausses modestes, le portrait est tout autre dans le reste du pays, où des provinces comme la Saskatchewan (63,6%), l'Alberta (36%) et la Colombie-Britannique (27,4%) tirent la moyenne vers le haut.

À quelques jours du déclenchement probable des élections aujourd'hui, le gouvernement Charest se félicite évidemment d'être un bon élève, d'autant que son plan de lutte contre les changements climatiques n'a vu le jour qu'il y a deux ans. Cela signifie que l'inventaire 2006, dévoilé hier, ne tient pas compte des réductions anticipées par le Québec.

Hydro

Cela dit, la province a émis 84,7 Mt de GES en 2006, comparativement à 83,4 Mt en 1990. Fort de son hydroélectricité, le Québec peut ainsi se vanter d'émettre moins de 12% des émissions du pays, même s'il compte près de 25% de sa population.

À titre comparatif, l'Ontario et l'Alberta émettaient respectivement 190 Mt (26,2%) et 234 Mt (32,3%) du bilan canadien des émissions de GES en 2006.

Cela s'explique évidemment par la grande présence de l'hydroélectricité dans la province, qui lui permet de trôner tout en haut des provinces ayant le plus faible taux d'émissions par habitant. À 11,1 tonnes, le Québec dépasse de peu l'Ontario (15 Mt), mais se situe très loin de la Saskatchewan (73,1 Mt) et de l'Alberta (69,3 Mt).

Cet écart s'est creusé depuis une quinzaine d'années. Depuis 1990, les émissions par personne ont diminué de 7% au Québec. Et depuis 2003, de 5,5%.

«Les Québécois peuvent être fiers, a lancé hier la ministre Beauchamp. Quand on se compare à la moyenne canadienne, chaque citoyen québécois émet deux fois moins de gaz à effet de serre que son voisin des autres provinces canadiennes.»

Le transport est toujours le plus important émetteur au Québec, étant responsable de 40% des GES. Entre 2003 et 2006, les émissions de ce secteur ont crû de 0,6%, ce qui fait dire à Équiterre que la partie n'est pas gagnée.

D'autant, note l'organisme, que les GES de ce secteur ont grimpé de près de 22% depuis 1990. «Il faudra, selon Steven Guilbeault, peser sur l'accélérateur pour développer les projets de tramway, trains de banlieues et voies réservées. Il faudra aussi investir en matière d'aménagement du territoire, en plus d'imposer de nouvelles normes aux constructeurs automobiles.»

Il faudra aussi dire non au projet de transport des sables bitumineux d'Alberta au Québec, selon les écolos. À cela, la ministre Beauchamp rétorque qu'elle «suivra de près» le projet d'Enbridge. «Ce projet va être examiné par nous avec beaucoup de sévérité», a-t-elle dit.



Avec la collaboration de Sylvia Galipeau