Greenpeace a lancé mercredi un appel à une «révolution éolienne» en mer du Nord, en se basant sur une étude indiquant qu'une mise en réseau de milliers de turbines encore à construire permettrait à terme d'approvisionner des millions de foyers en énergie propre et fiable.

Ce rapport, présenté à Bruxelles par l'organisation de défense de l'environnement, conclut que l'énergie éolienne peut contribuer à atteindre les ambitieux objectifs d'utilisation d'énergies renouvelables que l'Europe s'est fixée en diminuant le recours aux énergies fossiles et nucléaires.

Greenpeace part de l'hypothèse qu'à horizon 2020-2030, au total 10 000 éoliennes devraient être installées en mer du Nord au large de sept pays (Royaume-Uni, France, Allemagne, Belgique, Danemark et Norvège), pour une capacité totale de 68,4 gigawatts qui permettrait de subvenir aux besoins de 17 millions de foyers.

À titre de comparaison, fin 2007, la capacité de toutes les turbines offshore installées dans l'UE représentait seulement 1,079 gigawatt, selon l'association européenne de l'énergie éolienne EWEA.

Ces parcs d'éoliennes assureraient une importante réduction des émissions de CO2, souligne le rapport de Greenpeace, à condition de les relier entre eux par un réseau de câbles sous-marins, afin d'assurer une stabilité de l'approvisionnement.

Il faut en effet pouvoir compenser une panne ou une baisse de la production dans une région particulière due à un manque de vent, expliquent les auteurs de l'étude, qui ont calculé la vitesse du vent dans les différentes zones de la mer du Nord.

Le coût de l'installation de ce réseau câblé serait de 15 à 20 milliards d'euros, mais économiquement viable, les câbles pouvant également servir au commerce d'électricité transfrontalier, selon le rapport.

Un représentant de la Commission européenne, Hans van Steen, a salué un «très bon rapport» qui «tombe à point», alors que Bruxelles s'apprête à publier cet automne un «paquet énergie» traçant la voie de sa politique en matière d'énergies renouvelables pour ces prochaines années.

Pour rendre l'utilisation de l'énergie éolienne plus efficace, et notamment tenir compte des variations de production, il faudrait faire en sorte que le prix de l'électricité puisse fluctuer en fonction de la force du vent, afin de favoriser des comportements plus responsables des consommateurs, a par ailleurs expliqué Greenpeace.

«Par exemple, un frigo pourrait sans problème attendre 10 minutes avant de se mettre en marche, le temps que le prix du watt baisse un peu», a expliqué Jan Vande Putte, spécialiste de Greenpeace Belgique. «Mais c'est plutôt dans l'industrie ou dans les équipements collectifs que ce genre de mécanismes pourrait d'abord être mis en place», a-t-il souligné.