La hausse croissante du prix de l'essence pourrait avoir raison de l'engouement des Canadiens pour leur voiture. Un sondage publié hier révèle qu'une personne sur cinq envisage de se convertir bientôt au métro, à l'autobus ou au train pour soulager son portefeuille.

L'utilisation des transports en commun pourrait ainsi tripler au cours des prochains mois puisque les Canadiens semblent croire dans une proportion de 83% que le prix de l'essence ne redescendra pas de façon marquée. Il est vrai que les mines sont longues dans les stations-service depuis plusieurs mois déjà. «Cela va encore me coûter 80$», s'est plaint hier Daniel Tremblay, la main appuyée sur le capot de sa voiture sport.

Les métros bondés, les gares mal desservies et les bus trop peu nombreux pourraient toutefois rebuter bien des automobilistes qui se disent mûrs pour un changement, estiment la Fédération canadienne des municipalités (FCM) et l'Association canadienne du transport urbain qui ont commandé le sondage publié hier.

«Les Canadiens en sont à un tournant, a insisté Jean Perrault, président de la FCM lors d'une conférence de presse. L'essence est hors de prix, et ils sont prêts à adopter les transports en commun. Le problème, c'est que la plupart des réseaux de transports urbains fonctionnent déjà à pleine capacité.»

Au moins 40 milliards

La FCM et l'ACTU évaluent que le gouvernement fédéral devrait investir au moins 40 milliards de plus sur cinq ans pour arriver à maintenir et à améliorer le réseau de transports en commun canadien afin d'accueillir tous ces nouveaux usagers.

«Nous avons deux options, a affirmé M. Perrault: saisir cette occasion d'appuyer une transition vers les transports urbains en augmentant le parc d'autobus et en offrant de meilleurs services de train; ou ne rien faire, auquel cas les Canadiens n'auront d'autre choix que de continuer d'endurer une situation pénible.»

«Je voudrais bien aller au travail sans ma voiture, ce serait mieux pour l'environnement et mon portefeuille, mais c'est tout simplement impossible en ce moment», a dit hier Johanne Dumais, résidante de Sainte-Catherine qui travaille à Longueuil. «Il n'y a aucune liaison entre ma maison et mon bureau.»

Carole Pépin, elle, continuera de se déplacer en auto pour des raisons de confort, quitte à réduire le budget de ses sorties. «Le métro est toujours plein à craquer. Je ne m'y sens pas à l'aise.»

La FCM tient visiblement à profiter de l'imminence des élections générales fédérales pour faire avancer sa cause.

«Nos politiciens devront débattre de cet enjeu au cours de la campagne électorale, a relevé M. Perrault, hier. Les Canadiens veulent des réponses à des questions simples: comment puis-je me rendre à mon travail? Que fait-on pour contrer la hausse du prix de l'essence? On attend leurs réponses.»

Le sondage a été réalisé du 14 au 22 août derniers auprès d'un échantillon de 1100 personnes par le Strategic Counsel. Sa marge d'erreur est de 3 points de pourcentage.