L'Afrique, continent le plus vulnérable au changement climatique, ne bénéficie pas suffisamment d'investissements dans des projets respectueux de l'environnement, ont regretté dimanche des experts participant à une conférence de l'ONU sur le climat au Ghana.

«De nombreux négociateurs africains ont fait part de leur inquiétude sur le fait que l'actuel système n'apporte que peu de vrais bénéfices pour le continent», a déclaré à l'AFP Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC).

«Un rapide coup d'oeil au nombre de projets dans le cadre des mécanismes de développement propre (MDP) qui est appliqué en Afrique semble le confirmer», a-t-il ajouté, en marge d'une conférence de l'ONU qui se tient à Accra depuis jeudi et doit se terminer mercredi.

Les MDP permettent aux pays développés de compenser une partie de leurs émissions en investissant dans un projet «propre» au sud portant sur l'énergie, les déchets, les industries lourdes particulièrement émettrices de gaz à effet de serre ou, dans une moindre mesure la reforestation.

Ce mécanisme est prévue par le Protocole de Kyoto contre le changement climatique, conclu en 1997.

«La valeur totale des projets en Afrique financés par le Fonds pour l'environnement mondial au cours des dix-sept dernières années est de 378 millions de dollars, alors que la valeur des projets à l'échelle du monde est de plus de 2,4 milliards de dollars, ce qui reflète le manque de subventions pour le continent», a noté M. de Boer.

«Seulement 2% des projets CDM dans le monde se trouvent en Afrique, ce qui est inacceptable, contre 45% en Chine, 16% en Inde et 13% au Chili», a affirmé de son côté Ewah Otu Eleri, qui dirige le Centre international pour l'énergie, l'environnement et le développement, basé au Nigeria.

«Les règles pour accéder aux MDP sont trop rigoureuses pour les pays africains», a-t-il estimé.

Paul Watkinson de la délégation française a aussi reconnu que «les MDP bénéficient plus aux économies émergentes comme la Chine et l'Inde qu'à l'Afrique en raison de leur taux rapide de développement et des conditions stables des investissements».