Les pays riches du G8 et les puissances émergentes, dont la Chine et l'Inde, se sont accordés mercredi sur une réduction à long terme des émissions polluantes et ont abordé la flambée du pétrole et des prix alimentaires qui menace l'économie mondiale.

Réunis à l'occasion du sommet du G8 à Tokayo (Japon), les dirigeants des 16 principaux pays de la planète ont exprimé dans une déclaration commune leur «vision partagée» sur la nécessité d'agir contre les gaz à effet de serre, sans fixer toutefois de calendrier ou d'objectifs chiffrés.

«Les principales économies développées devront adopter, conformément à leurs obligations internationales, des objectifs nationaux à moyen terme afin de réduire radicalement les émissions et, là où ce sera possible, commencer par en arrêter la croissance dès que possible», souligne le texte.

Le «G5» des grands pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud, Mexique), l'Australie, l'Indonésie et la Corée du sud s'associent ainsi aux efforts des grandes puissances économiques du G8, ces 16 économies représentant plus de 80% des émissions mondiales.

Les Huit (Japon, États-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Allemagne, France, Italie et Russie) se sont engagées mardi à ce que les émissions mondiales soient divisées au moins par deux d'ici à 2050, dégageant la route aux négociations de l'ONU vers un accord global à la fin 2009.

Ces formulations suffisamment vagues ont permis de rallier les grands pays émergents, inquiets de devoir prendre des engagements qui compromettraient leur croissance, alors que les États-Unis refusaient tout compromis excluant les nouveaux «pollueurs».

Le «G5» a d'ailleurs jugé insuffisants les engagements pris mardi et appelé les «pays développés à montrer la voie» en réduisant en 2020 leurs émissions d'au moins 25 à 40% par rapport à 1990, et en 2050 de 80 à 95%.

La présence au sommet du G8 des nations émergentes, grandes dévoreuses d'énergie, reflète les bouleversements de l'économie mondiale depuis le premier sommet des grands pays industrialisés en 1975, au lendemain du premier choc pétrolier.

A l'exception de la Russie, aucun des grands producteurs de pétrole n'était en revanche présent à ce sommet des 16, ce qui a limité la marge d'action des participants alors que les prix du pétrole ont atteint un record de 147 dollars la semaine dernière.

La hausse des prix alimentaires a aussi poussé 100 millions de personnes sous le seuil de pauvreté, estime la Banque mondiale, et provoqué une vague de manifestations et d'émeutes au Caire, à Haïti ou Dakar.

Lors de ces discussions dans le décor idyllique du lac Toya, sur l'île de Hokkaido, les cinq puissances émergentes ont «émis l'espoir d'une coopération renforcée avec le G8 sur les questions mondiales, en particulier la crise alimentaire», a déclaré un responsable japonais.

Ils ont insisté sur la nécessité de réduire ou abolir les subventions à l'exportation dans les pays développés, a-t-il indiqué.

Certains se sont inquiétés de ce que «la hausse des prix pétroliers et les biocarburants affectent les prix alimentaires», a ajouté cette source, le pétrole cher pesant sur le coût des engrais.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a très certainement plaidé en revanche pour les biocurburants, dont son pays est le plus gros producteur, comme moyen réduire les émissions de CO2 là où d'autres redoutent qu'ils n'aggravent la pénurie alimentaire.

«Le Brésil n'acceptera pas l'argument pervers que ce sont les biocarburants qui provoquent l'inflation des prix alimentaires», avait averti M. Lula avant le G8.