Sur le modèle des bus touristiques effectuant la tournée des demeures de stars de cinéma à Hollywood et Beverly Hills, un groupe d'écologistes propose un «circuit toxique» à Los Angeles sur les endroits les plus pollués de la mégalopole sud-californienne.

«Le but est de faire savoir aux gens qu'il se passe quelque chose ici, c'est-à-dire les secrets inavouables que la majorité du public ignore» sur l'état de l'environnement, explique à l'AFP Robert Cabrales, membre de l'organisation «Communautés pour un meilleur environnement» (CBECAL) à l'origine de cette initiative.

«Les gens qui viennent visiter Los Angeles ne vont pas aller voir les pires endroits», souligne M. Cabrales, qui plusieurs fois par mois depuis 2007, sert de guide à des touristes soucieux d'environnement, des militants écologistes, des groupes d'écoliers et même des élus.

L'idée de ce «circuit toxique» est de mettre en évidence «les injustices de l'environnement» à Los Angeles, la deuxième ville des États-Unis par le nombre d'habitants (quatre millions), dont de nombreux résidents pauvres vivent non loin de sites industriels.

Le bus de M. Cabrales s'arrête notamment sur l'ancien site de «La Montana», un immense amas de débris résultant du tremblement de terre de 1994 et qui était resté en l'état près de logements habités, provoquant des maladies respiratoires et une aggravation de la qualité de l'air dans le quartier.

Il avait fallu près de 10 ans pour que ces gravats soient enlevés, et encore, après qu'un conseiller municipal eut souffert d'une grave crise d'asthme.

Autre point chaud, «Huntington Park» que M. Cabrales surnomme «Le village de l'asthme», de nombreux enfants y souffrant de cette affection respiratoire. Ce quartier est enchâssé dans la zone industrielle de Vernon, au sud-est du centre de Los Angeles.

Encore plus au sud, le quartier de Bell Gardens abrite une école qui avait été le théâtre d'un scandale à la fin des années 1980, avec sept fausses couches sur 11 grossesses, attribuées à la proximité de l'établissement avec une usine de chromage. Une enquête avait déterminé que l'ensemble du voisinage de l'usine était affecté par une catastrophe sanitaire.

Plus loin, le bus s'arrête au bord d'une rue bordée d'habitations, qui pourrait être n'importe où aux États-Unis, n'était-ce la présence de tours métalliques et de tuyauteries au bout de l'artère: une raffinerie de pétrole.

Pour un des voyageurs du «circuit toxique», Patrick Becknell, un musicien de 23 ans, cette étape est la plus marquante.

«La juxtaposition d'une raffinerie et d'un quartier d'habitation m'a frappé. Rien que le fait de penser que l'arrière-cour (des habitants) est une raffinerie, c'est à la fois une révélation et un choc», dit-il à l'AFP.

«Si les touristes ou habitants de Los Angeles voyaient ce que nous avons vu, je pense qu'ils auraient un meilleur sens de la réalité, et surtout de ce qu'une action coordonnée peut faire dans les quartiers» en faveur de la préservation de l'environnement, affirme le jeune homme.