Enveloppée ces derniers jours dans un épais brouillard de pollution, Pékin envisage de limiter encore plus la circulation des voitures et de fermer des usines supplémentaires si la qualité de l'air empire encore durant les Jeux olympiques, ont rapporté lundi les médias officiels.

Les mesures drastiques appliquées depuis le 20 juillet ne semblent pas avoir vraiment amélioré la situation dans la capitale chinoise. Malgré le retrait des routes de la moitié des 3,3 millions de véhicules que compte Pékin ainsi que la fermeture de plusieurs usines dans la ville et ses environs, la brume refuse de se dissiper à moins de deux semaines de l'ouverture des JO. Plus de 10.000 athlètes et des centaines de milliers de spectateurs sont attendus.

Les autorités de la ville pourraient donc annoncer des mesures extraordinaires sous peu, selon le journal officiel anglophone «China Daily». «Nous mettrons en oeuvre un plan d'urgence» 48 heures à l'avance «si la qualité de l'air se détériore pendant les Jeux du 8 au 24 août», y déclare un haut responsable du Bureau de la protection environnementale de Pékin, Li Xin.

Il n'a pas donné plus de détails, mais selon un autre responsable, Zhu Tong, jusqu'à 90% du parc automobile pékinois pourrait être interdit de circulation si cela s'avérait nécessaire.

Ces quatre derniers jours, l'air de la ville était situé au-dessus de 100 sur l'échelle de pollution chinoise, c'est-à-dire «malsain pour les populations sensibles». La visibilité est réduite à quelques centaines de mètres, les gratte-ciel apparaissant par endroit tout juste comme des ombres fantomatiques.

La formation d'une mixture de gaz chimiques, de particules et de vapeur d'eau a été accélérée par des températures dépassant les 32 degrés Celsius, une humidité de l'air avoisinant les 70% et le peu de vent.

Dans un rapport publié lundi, l'organisation de protection de l'environnement Greenpeace a dressé une évaluation mitigée des efforts entrepris par les autorités chinoises, et noté que la concentration des particules dans l'air était encore deux fois plus élevée en 2007 que la norme de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

«Nous reconnaissons les initiatives à long terme prises par le gouvernement de Pékin pour améliorer la qualité de l'air», comme par exemple la construction de nouvelles lignes de métro, la limitation des émissions de gaz à effet de serre et l'ajout de nouvelles technologies dans des usines fonctionnant au charbon, a déclaré la directrice de campagne de l'ONG Lo Sze Ping lors d'une conférence de presse.

Mais «malgré ces efforts, la qualité de l'air de Pékin n'est aujourd'hui probablement pas encore au niveau que le monde attend de la part d'une ville hôte des Jeux olympiques», a-t-elle conclu, estimant que Pékin a raté plusieurs occasions de se servir des Jeux pour promouvoir des mesures plus ambitieuses de protection de l'environnement.

Le directeur adjoint du Bureau de la protection environnementale, Du Shaozhong, a de son côté défendu les efforts mis en oeuvre pour réduire la pollution, soutenant que le manque de visibilité n'indiquait pas forcément une réduction de la qualité de l'air.

«Si cela semble brumeux, cela a un rapport avec le climat autant qu'avec la pollution», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse lundi. «Etant donné ce que nous avons fait et les mesures que nous prenons, nous pouvons garantir que l'air devrait être bon pendant les Jeux. Le CIO (Comité international olympique, NDLR) a donné son jugement selon lequel la qualité de l'air sera au niveau».