Les compagnies aériennes devront contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique dès 2012, même si l'effort qu'elles fourniront a été limité pour ne pas fragiliser plus encore un secteur secoué par la flambée du kérosène.

Les eurodéputés devraient adopter sans difficulté mardi, en deuxième et dernière lecture, un projet de loi plafonnant leurs émissions de CO2 à partir de 2012 et les obligeant à payer en partie pour la pollution générée.

La législation devra ensuite être avalisée par les pays membres, mais ce n'est qu'une formalité, le texte étant le fruit d'un compromis trouvé en juin entre le Parlement et les États de l'UE.

Le texte prévoit qu'à partir de 2012, toutes les compagnies aériennes qui opèrent dans l'UE, européennes ou non-européennes, devront plafonner leurs émissions de CO2 à 97% de leur niveau de 2005. Sur la période 2013-2020, le plafond sera à 95% du niveau 2005, à moins qu'une révision n'intervienne d'ici là.

Intégrées au système de bourse européenne des émissions, les compagnies aériennes devront aussi payer, à partir de 2012, 15% de leurs permis de polluer, une mesure qu'elles jugent difficilement supportable vu la flambée des prix du kérosène qui ronge leurs bénéfices.

«Cette décision va nous coûter 4,8 milliards d'euros par an», avertissait le 27 juin Françoise Humbert, porte-parole de l'Association des compagnies aériennes européennes, qui en regroupe 33 dont Air France-KLM, British Airways et Lufthansa.

Ce chiffre «doit être comparé aux 3,7 milliards d'euros de bénéfices réalisés par nos compagnies en 2007, qui a été une très bonne année. L'horizon 2008 s'annonce très différent avec la flambée» des prix du kérosène, avait-elle souligné.

Pourtant, la législation adoptée par les eurodéputés est plus douce qu'initialement envisagé. Ils voulaient au départ que le plafonnement commence en 2011 et que les compagnies payent 25% de leurs permis de polluer.

Le négociateur du Parlement européen, le conservateur allemand Peter Liese, voulait même qu'elles acquièrent 100% de ces permis au prix du marché d'ici 2020, une exigence finalement supprimée pour éviter de fragiliser des compagnies déjà mises à mal par la hausse des carburants.

Le compromis tient compte aussi de l'explosion du trafic aérien attendu dans les prochaines années. Si les émissions de l'aviation représentent actuellement 3% du total des émissions de gaz à effet de serre dans l'UE, elles ont presque doublé depuis 1990 (+87%) et devraient plus que doubler encore d'ici 2020 par rapport au niveau actuel, selon la Commission.

Ces aménagements obtenus par le secteur aérien font des jaloux chez les industriels, qui devraient eux avoir à acheter la totalité de leurs droits de polluer d'ici 2020 et à réduire leurs émissions totales de plus de 20%.

La croissance du trafic aérien «ne peut pas servir d'argument pour avantager ce secteur aux dépens des autres», déplorait vendredi l'association des sidérurgistes européens Eurofer, agitant la menace de délocalisations hors d'Europe.

Les compagnies aériennes «ne sont pas soumises à une concurrence mondiale et peuvent répercuter leurs coûts pleinement sur les consommateurs», contrairement aux industries manufacturières, a-t-elle ajouté.

Les compagnies affirment pourtant qu'elles ne pourront pas faire payer les surcoûts entraînés par ces mesures aux passagers qui ont «déjà le couteau sous la gorge et ne peuvent plus accepter de nouvelles hausses».

M. Liese a néanmoins estimé à seulement 6,30 euros le surcoût du nouveau système pour un billet Francfort-Majorque, une destination des Baléares très prisée des Allemands.