Les principales économies de la planète ne feront aucune mention de cibles contraignantes de réduction des gaz à effet de serre lors de leur sommet actuel au Japon, révèle l'ébauche d'un communiqué final obtenu par La Presse Canadienne.

Ce communiqué - dont la version finale sera rendue publique à la clôture du sommet, mercredi - indique qu'aucune cible spécifique ne sera adoptée avant la prochaine conférence des Nations unies sur les changements climatiques, qui aura lieu en 2009 à Copenhague, au Danemark.

Le communiqué indique qu'il serait «désirable» pour les participants d'entreprendre à ce moment des négociations dans le but d'adopter «un objectif à long terme de réduction des émissions mondiales, tout en gardant à l'esprit le principe d'équité».

La réunion des grandes économies est une tribune instituée par les États-Unis pour réunir les pays riches du Groupe des huit et l'ONU, l'Afrique du Sud, le Brésil, la Chine, l'Indonésie, le Mexique, la Corée du Sud, l'Inde et l'Australie.

Le document de quatre pages, daté du 23 juin 2008, devrait constituer la base d'un communiqué conjoint qui sera diffusé plus tard cette semaine. Il ne fait aucune mention de l'entente conclue l'an dernier pour «envisager sérieusement» une réduction de moitié des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050.

Le leader du Nouveau Parti démocratique à Ottawa, Jack Layton, a soutenu que le premier ministre Stephen Harper «trahit» les Canadiens sur la scène mondiale en faisant fi de l'adoption récente par le Parlement d'un projet de loi - proposé par M. Layton lui-même - qui prévoit un objectif de réduction, d'ici 2050, des émissions de GES de 80 pour cent par rapport aux niveaux de 1990. Le projet de loi a été appuyé par tous les partis sauf le gouvernement minoritaire conservateur de M. Harper. Il est en attente de l'approbation du Sénat.

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Japon, pays hôte du G8, a déclaré dimanche que le Japon espérait faire avancer le dossier de la lutte aux changements climatiques par rapport au sommet de l'an dernier en Allemagne et aux pourparlers de l'ONU tenus à Bali, en Indonésie, en décembre dernier.

Mais certains, dont le ministre canadien de l'Environnement, John Baird, excluent déjà toute percée majeure au sommet de cette semaine. Et l'ébauche de communiqué n'a rien pour inciter à l'optimisme les groupes de défense de l'environnement.

Si les principales économies concluent le processus sans avoir rien de concret à proposer, comme le laisse présager ce projet de communiqué, cela met encore plus de pression sur le G8 pour qu'il manifeste un réel leadership (...) dans son propre communiqué, plus tard cette semaine, a déclaré Clare Demerse, analyste du Pembina Institute.

Il y a impasse, au sein du G8, sur l'attitude à adopter envers la Chine et l'Inde, deux des plus grands pollueurs de la planète. Le Canada, les États-Unis et la Russie s'opposent notamment à tout pacte qui n'inclurait pas les grands pollueurs. Mais les pays européens du G8 estiment qu'ils doivent montrer l'exemple avant d'exiger des pays en développement qu'ils réduisent leurs émissions.