La décision du gouvernement canadien, la semaine dernière, de lancer le processus qui pourrait interdire les produits contenant du bisphénol A (BPA) au pays d'ici un an a rappelé que cette substance est soupçonnée d'avoir provoqué des problèmes de fertilité lors de tests sur des animaux.

Les hommes qui songent à fonder une famille ont-ils, dès lors, une raison de s'inquiéter? Les experts ont plusieurs conseils pour ceux qui veulent tirer le profit maximum de cette «ressource naturelle» phénoménale.

«Les hommes produisent environ 100 millions de spermatozoïdes par jour, soit environ 1000 spermatozoïdes par battement de coeur», a dit le professeur Bernard Robaire, de l'Université McGill, qui s'intéresse depuis 30 ans à l'impact des produits chimiques sur la reproduction masculine. Il rappelle que plusieurs facteurs d'exposition ambiante - dont les métaux lourds, les solvants organiques et certains pesticides comme le DDT - ont fait l'objet d'études.

«Nous savons que les mécaniciens et les peintres ont des risques plus élevés d'avoir des enfants anormaux, un taux plus élevé d'infertilité, et qu'ils doivent attendre plus longtemps avant la grossesse, a ajouté M. Robaire. Nous n'avons pas encore identifié le produit chimique responsable - il n'y en a probablement pas un seul. Ce sont probablement (les) graisses et les solvants et toutes ces autres choses auxquelles ils sont exposés qui leur nuisent.»

L'exposition aux toxines contenues dans la fumée de cigarettes est toutefois, et de loin, celle qui fait le plus l'unanimité parmi les experts: les hommes qui veulent fonder une famille ne devraient pas fumer. «Le tabagisme nuit à la qualité des spermatozoïdes, à leur motilité et à leur ADN, a expliqué le docteur Keith

Jarvi, de l'hôpital torontois Mount Sinai. On peut endommager l'ADN en fumant. Si on cesse de fumer, on dirait que ça s'améliore.»

Le tabagisme de la mère de l'homme pourrait également jouer un rôle. MM. Robaire et Jarvi ont constaté que les hommes dont la numération des spermatozoïdes était faible avaient souvent une mère fumeuse.

La marijuana nuit elle aussi à la qualité du sperme, tout comme la consommation excessive d'alcool. Si les propriétés anti-oxydantes d'un verre de vin rouge devraient, en théorie, mener à des spermatozoïdes de meilleure qualité, «si on consomme assez d'alcool pour endommager le foie, alors ça aura un impact sur la production de sperme», a dit le docteur Jarvi.

M. Robaire ajoute que la consommation excessive d'alcool nuit à la production de testostérone, et qu'une production réduite de testostérone entraînera évidemment des problèmes de fertilité.

Les vêtements serrés, les saunas et les bains chauds sont aussi à éviter, poursuit-il, puisque la chaleur semble interférer avec la production de spermatozoïdes. C'est notamment le cas des gens qui sont exposés à la chaleur en milieu de travail.

«Les cuisiniers sont exposés à la chaleur parce que leurs testicules sont à la même hauteur que la surface de cuisson», a dit M. Robaire, avant de préciser que la situation s'améliore une fois que les hommes s'éloignent de la source de chaleur.

Quant aux ordinateurs portables et aux téléphones cellulaires, les études définitives se font encore attendre. M. Robaire admet toutefois qu'il a commencé à éloigner son téléphone cellulaire de ses testicules, en le portant sur la hanche.

La consommation d'acide folique, par contre, aurait un impact très positif sur la qualité du sperme. L'acide folique se retrouve dans des aliments comme les légumes-feuilles et les agrumes, et aussi sous forme de suppléments.