(Boucherville) La remontée du Parti québécois dans les sondages s’est concrétisée dans les suffrages exprimés, mais elle ne lui a pas permis d’éviter une cuisante défaite avec seulement trois élus, son pire résultat depuis sa fondation. Le parti de René Lévesque n’aura que trois représentants à l’Assemblée nationale, mais le chef Paul St-Pierre Plamondon a réussi son pari et représentera les citoyens de Camille-Laurin au Parlement.

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« Même si les résultats en termes de sièges ne sont pas à la hauteur de nos attentes, on est en bonne voie de terminer deuxième ex æquo [avec Québec solidaire] en termes de voix », a lancé M. St-Pierre Plamondon à une centaine de militants à Boucherville. Son élection a donné un peu d’espoir aux partisans, qui vivaient jusque-là une dure soirée.

Le Parti québécois, dit-il, est promis à un avenir « radieux », et il est le « meilleur deuxième choix des électeurs », s’est félicité le chef péquiste, qui a consacré une large part de son discours à la question de l’indépendance.

M. St-Pierre Plamondon a reçu un coup de pouce du destin durant la campagne électorale : la candidate de Québec solidaire s’est retirée en pleine campagne après avoir été filmée en train de voler un dépliant du PQ dans une boîte aux lettres. En l’absence d’une division du vote entre les deux partis souverainistes, M. St-Pierre Plamondon a réussi à ravir la circonscription à la Coalition avenir Québec. Il pourra se vanter d’avoir provoqué l’unique défaite de la soirée pour le parti de François Legault.

L’espoir plutôt que la résignation

En plus du chef, seuls les députés Pascal Bérubé dans Matane-Matapédia et Joël Arseneau aux Îles-de-la-Madeleine ont sauvé leur siège. « On pense à vous, on pense aux collègues, on pense à l’incroyable campagne qu’a menée notre chef Paul St-Pierre Plamondon », a dit Pascal Bérubé à Radio-Canada.

Le chef péquiste dit avoir été porté par cette énergie, celle « des gens qui choisissent l’espoir plutôt que la résignation ». « Nous avons fait une remontée spectaculaire », a-t-il lancé.

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Paul St-Pierre Plamondon

Ce second souffle a permis à M. St-Pierre Plamondon de sauver ce qui restait du PQ. Les sondages ne créditaient la formation que de 9 % des intentions de vote au mois d’août.

Après deux solides performances aux débats des chefs, le chef péquiste a vu sa popularité grimper en flèche. Au moment où ces lignes étaient écrites, il était au coude-à-coude avec Québec solidaire avec 15 % des suffrages exprimés, devant le Parti libéral.

  • Paul St-Pierre Plamondon en compagnie de son fils, Maurice, sa conjointe, Alexandra Tremblay, et sa fille, Laurette

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    Paul St-Pierre Plamondon en compagnie de son fils, Maurice, sa conjointe, Alexandra Tremblay, et sa fille, Laurette

  • Le chef du Parti québécois Paul St-Pierre Plamondon embrasse sa conjointe.

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    Le chef du Parti québécois Paul St-Pierre Plamondon embrasse sa conjointe.

  • Un partisan au rassemblement du Parti québécois

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    Un partisan au rassemblement du Parti québécois

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Mais le mode de scrutin uninominal à un tour est impitoyable. Et terminer deuxième ne donne pas de siège à l’Assemblée nationale. Le PQ avait obtenu 17 % et fait élire 10 députés en 2018. Il n’en a plus que trois, avec 15 % des suffrages exprimés.

Rouleau compresseur caquiste

« À la lumière des résultats, que nous reconnaissons et que nous acceptons, se posent des questions très sérieuses. Est-ce normal qu’un parti politique qui obtient environ 40 % des voix [obtienne] 70 % des sièges ? Est-ce normal qu’un parti politique qui obtient 15 % des voix n’obtienne même pas 3 % des sièges ? Est-ce normal qu’un parti politique qui obtient 13 % des voix n’obtienne aucune voix à l’Assemblée nationale ? », a demandé le chef péquiste.

Rarement dans notre histoire nous aurons vu une telle disproportion entre la volonté populaire et les résultats en nombre de sièges.

Paul St-Pierre Plamondon

Car malgré l’élection du chef, l’aile parlementaire du Parti québécois est dévastée. La formation indépendantiste, qui formait un gouvernement minoritaire en 2012, est en recul constant depuis.

Sur la Côte-Nord, le rouleau compresseur caquiste a fait facilement tomber les forteresses de René-Lévesque et de Duplessis. La deuxième avait toujours été représentée par un élu du Parti québécois depuis 1976. Les candidats Marilou Vanier et Jeff Dufour Tremblay ont perdu par plusieurs milliers de voix.

De l’autre côté du fleuve, ça ne s’est pas mieux passé. Dans Gaspé, la députée sortante Méganne Perry Mélançon a mordu la poussière face au caquiste Stéphane Sainte-Croix, et le candidat vedette Alexis Deschênes n’a pas réussi à conserver Bonaventure dans le giron péquiste. Même résultat dans Rimouski. Les trois circonscriptions sont passées aux mains de la CAQ.

Deux autres bastions du PQ sont tombés durant cette soirée : Joliette et Jonquière. Les députés sortants, Véronique Hivon et Sylvain Gaudreault, ne se sont pas représentés, et la CAQ a encore une fois raflé la mise. Pour la première fois depuis 50 ans, aucun député indépendantiste n’a été élu dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. « L’idée de l’indépendance est trop forte, elle ne mourra jamais », a réagi, déçu, l’ex-député Sylvain Gaudreault à Radio-Canada.