(Québec) Les grands rassemblements du Parti conservateur du Québec n’auront finalement pas été un gage de victoire. Son chef, Éric Duhaime, a échoué à se faire élire dans la circonscription de Chauveau, remportée haut la main par son adversaire caquiste Sylvain Lévesque.

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Il n’a réussi à faire élire aucun député. Le PCQ avait pourtant bon espoir de faire une percée en Beauce et il est passé très près de réaliser ce souhait. Cela a donné lieu à une bataille dans Beauce-Nord entre le conservateur Olivier Dumais, également maire de Saint-Lambert-de-Lauzon, et le député caquiste sortant Luc Provençal, qui l’a finalement emporté avec une mince avance de 202 voix.

L’écart était également faible dans Beauce-Sud où le conservateur Jonathan Poulin a perdu par 425 voix contre le caquiste Samuel Poulin.

En début de soirée, les grands réseaux de télévision laissaient présager une course enlevante entre le candidat Stéphane Lachance et le ministre Éric Caire. Elle n’aura finalement pas eu lieu ; ce dernier a remporté La Peltrie par plus de 2000 voix.

Dans la région de Québec, le chef conservateur avait tout misé sur les enjeux du troisième lien et du tramway pour tenter de séduire les électeurs.

« Ce soir, il y en a qui pensaient qu’ils allaient voir un gars brailler, mais il y en a un qui sourit ici parce que vous savez, on est de tous les partis – et de loin – celui qui connaît la plus forte croissance. Quelque chose qu’on n’a pas vu au Québec dans l’histoire politique récente », a déclaré le chef conservateur lorsqu’il s’est adressé aux militants.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Éric Duhaime

La déception dans la salle était palpable. « C’est à soir qu’on quitte le Québec », a lancé un partisan avant de quitter la salle.

La défaite avait un goût amer puisque le parti a récolté 13 % du vote populaire sans arriver à faire élire de député.

« Au moment où je vous parle, on a très exactement le même nombre de votes que le Parti libéral du Québec, mais il nous manque 20 députés, un comparé à l’autre », a souligné Éric Duhaime.

Les deux partis avaient un point de pourcentage d’écart au moment de publier. De quoi relancer le débat sur la réforme du mode de scrutin, ce que le chef conservateur s’est gardé de faire. « J’ai déjà répondu à cette question-là », a-t-il dit lorsque La Presse lui a demandé s’il allait militer en ce sens. Durant la campagne électorale, il avait invité les électeurs à contrer la « distorsion électorale », mais refusé de prendre position sur la réforme du mode de scrutin.

« À partir du moment où notre démocratie permet la multiplication des formations politiques, je pense qu’il faut repenser cette façon de procéder à l’élection parce que le vote s’éparpille », a fait remarquer la sénatrice Josée Verner, qui a présidé la campagne du PCQ.

« Première période »

Après avoir quitté la scène, le chef conservateur a pris le temps de saluer ses militants en personne et de prendre quelques photos avec certains d’entre eux. Mélisse Boisvert a serré Éric Duhaime dans ses bras lorsqu’il est passé à côté d’elle. « C’est décevant, mais ce n’est pas la fin », a-t-elle confié à La Presse, émue.

  • Éric Duhaime donne son discours

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Éric Duhaime donne son discours

  • Éric Duhaime enlace un militant.

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    Éric Duhaime enlace un militant.

  • Des partisans conservateurs portent des t-shirts du parti.

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    Des partisans conservateurs portent des t-shirts du parti.

  • Ambiance morose au Manoir du Lac Delage.

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    Ambiance morose au Manoir du Lac Delage.

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C’est d’ailleurs le message que le chef conservateur a lancé à ses partisans. « La politique, c’est comme notre sport national, c’est comme le hockey, il y a trois périodes, a-t-il dit. La première période, c’était de s’assurer de devenir un grand parti, de faire partie de la cour des grands et ça, on l’a accompli de façon magistrale. »

Le parti se prépare maintenant pour la deuxième période puisque les suffrages exprimés lui permettront de récolter du financement public « à la même hauteur que les autres partis d’opposition ».

On a semé de l’espoir depuis plusieurs mois dans le cœur et dans la tête de bien des Québécois, là ça va être le temps de commencer à consolider tout ça. On va avoir plus de temps pour mieux s’organiser.

Éric Duhaime, chef du Parti conservateur

Il a ensuite comparé le « combat » du PCQ contre la CAQ à celui de David contre Goliath. « On va permettre à David de s’entraîner pendant quatre ans tout en s’assurant qu’on va fragiliser les pieds du Goliath qui tranquillement commence à s’effriter devant nous autres. »

La troisième période sera la campagne électorale de 2026 qu’Éric Duhaime a l’intention de mener à nouveau. Le parti est là pour de bon, a affirmé Josée Verner. « On a installé une base, on est sur le podium nous aussi. » L’écart restreint du vote entre les quatre partis de l’opposition lui donne espoir pour les prochaines élections.

Le chef conservateur a terminé son discours en félicitant les chefs des autres partis et son adversaire caquiste dans Chauveau, Sylvain Lévesque, pour sa victoire. « Les Québécois ont choisi de continuer, a-t-il conclu. Nous autres, on a choisi de continuer à les avoir à l’œil et à les surveiller. »