Plus d’un millier de personnes ont convergé samedi vers L’Assomption pour y dénoncer la gestion de la pandémie par le gouvernement Legault. Les participants aux convois « Dehors la CAQ » ont ensuite marché vers le bureau du premier ministre, sous le regard attentif de nombreux policiers. Tout s’est finalement déroulé dans le calme, et il n’y a pas eu de débordements.

« Freedom », « Je me souviens CHSLD », « Fini Legault », pouvait-on lire sur les pancartes de manifestants, arrivés sur l’heure du midi dans cette municipalité d’environ 24 000 habitants, dans Lanaudière. « Quand le méchant gouverne, le peuple se plaint ! », a scandé un manifestant devant le bureau du premier ministre sortant.

  • PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

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L’un des organisateurs d’un convoi venu de Baie-Comeau, Kevin « Big » Grenier, avait salué plus tôt dans un discours les manifestants pour leur présence. « On est vraiment fiers de vous autres », a-t-il lancé, en appelant à marcher « pour se rappeler tout ce qu’on a enduré » durant la pandémie de COVID-19.

À plusieurs reprises, les manifestants ont scandé le nom de François Amalega Bitondo, ce leader antivaccin qui avait fait irruption dans plusieurs conférences de presse politiques ces derniers mois, et qui a eu des démêlés avec la justice. M. Amalega Bitondo était d’ailleurs sur place samedi, tout comme des membres du groupe Farfadaa, opposé aux mesures sanitaires.

C’est le seul François dont on devrait scander le nom. Il en a fait pas mal plus que toutes nous autres ici. Ce monsieur-là, c’est une machine, parce que lui, ce François-là, c’est un monsieur.

Kevin « Big » Grenier, coorganisateur d’un convoi, au sujet de François Amalega Bitondo

En route vers le bureau de François Legault, la foule s’est notamment arrêtée devant le CHSLD L’Assomption, sur le boulevard de l’Ange-Gardien, pour y déposer des fleurs, « en hommage aux milliers de personnes décédées dans la solitude » durant la pandémie. Certains ont salué des employés et des résidants qui les regardaient par les fenêtres de l’établissement.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Manifestants devant le CHSLD L’Assomption

Plusieurs ont aussi posé un genou sur le sol en levant deux doigts en l’air, devant l’entrée du CHSLD. Les manifestants sont finalement arrivés devant le bureau de M. Legault peu après 15 h. D’autres camions les attendaient déjà sur place, faisant retentir klaxons et slogans. La foule s’est ensuite graduellement dispersée, sans causer de débordements.

Congestion routière

La venue des convois a entraîné de la congestion sur la route 341, aux abords de la municipalité, dès le début de la journée. Des effectifs de la Sûreté du Québec (SQ) étaient déjà sur place pour contrôler la circulation alors que des camions et des automobiles arborant des drapeaux du Québec convergeaient vers l’école secondaire Paul-Arseneau, lieu de rencontre du rassemblement.

Par mesure de sécurité, la Ville avait indiqué dès vendredi qu’aucun camion ou véhicule identifié à la manifestation ne pourrait se rendre au centre-ville de L’Assomption.

Depuis l’autoroute 40, les camions ne pouvaient emprunter que la route 341, et non la route 343. « On les redirigera ensuite vers un stationnement, où des discours pourront être tenus », avait expliqué le maire Sébastien Nadeau à La Presse. Au centre-ville, avait-il dit, « on veut quand même garder une mobilité, et de la place pour nos services d’urgence ».

« On sent que les organisateurs ont un certain leadership sur les manifestants, donc ça nous inspire confiance, mais il peut toujours y avoir des individus avec d’autres intentions. Il faut aussi être prêts à ça », avait aussi expliqué le maire Sébastien Nadeau.

« Pas d’intimidation »

François Legault et Éric Duhaime, que des manifestants des convois soutenaient ouvertement, ont tous deux appelé à manifester dans le respect, ces derniers jours. M. Duhaime a aussi appelé ses partisans à voter pour signifier leur opposition au gouvernement actuel.

La liberté d’expression, c’est une valeur importante au Québec. Par contre, ça doit se faire dans le respect et [sans] intimidation.

François Legault, chef de la CAQ

Questionnée sur le sujet samedi, la cheffe libérale Dominique Anglade a livré un message similaire à tous les électeurs « qui sont tannés, qui veulent du changement ». « Je les invite à regarder la formation politique qu’on représente […] et à voter libéral le 3 octobre prochain », a-t-elle dit.

« On invite tout le monde au calme, à aller manifester [son] opinion calmement, mais surtout à aller manifester [son] mécontentement dans les urnes. À la fin, la vraie manifestation, c’est dans l’urne qu’elle doit se faire. C’est là que le changement peut se faire », a insisté Mme Anglade.

Le péquiste Paul St-Pierre Plamondon, lui, a rappelé samedi « qu’on peut s’exprimer en société, mais on veut que ça se déroule dans le calme ». « Il y a une bonne façon de s’exprimer. Tout dépend de la manière dont on se conduit durant la manifestation. […] Il y a une occasion importante de se faire entendre, le 3 octobre, dans seulement deux jours. Profitons-en justement pour envoyer des messages, prendre des positions, voter en fonction de ses convictions », a-t-il dit.

Avec la collaboration de Fanny Lévesque, Charles Lecavalier et Tommy Chouinard, La Presse