Une ex-élue municipale qui avait perdu de peu l’investiture solidaire dans Camille-Laurin contre Marie-Eve Rancourt appelle maintenant à voter pour Paul St-Pierre Plamondon. Avec le retrait de la candidate, filmée en train de dérober un dépliant, Suzie Miron estime qu’il faut se tourner vers les péquistes pour « éviter de faire rentrer la CAQ ».

Dans une longue publication sur sa page Facebook, celle qui est aussi l’ancienne présidente du conseil municipal de Montréal affirme qu’elle « retrouve suffisamment de positif » dans les propos du chef du Parti québécois pour décider de « l’appuyer publiquement ».

« On doit voter stratégiquement pour s’assurer au moins de sortir la CAQ », résume Mme Miron en entrevue avec La Presse. « N’allez pas gaspiller votre vote. Je veux m’assurer que mes concitoyens aillent aux urnes. Mon message, c’est de voter péquiste, même s’il peut y avoir des choses qui vous agacent dans leur programme. C’est le meilleur choix présentement », soutient-elle.

Il y a quelques mois, Suzie Miron avait perdu l’investiture dans Camille-Laurin par quelques votes seulement, aux mains de Marie-Eve Rancourt, qui était soutenue par la co-porte-parole du parti, Manon Massé. Le militant Olivier Huard était arrivé troisième.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Marie-Eve Rancourt

Mme Miron dit espérer que cette « profession de foi en incitera plusieurs autres orphelins comme moi dans le quartier à choisir de voter de façon stratégique pour signifier à l’actuel gouvernement qu’on veut plus de respect et de considération ». « On a l’occasion de voter pour avoir un député qui aura une voix forte, qui aura plus de temps de parole et de visibilité, et que surtout, même le premier ministre ne pourra ignorer », insiste l’ancienne conseillère de Tétreaultville.

Elle soutient du même coup qu’elle ne veut pas « d’un député d’arrière-ban » qui servirait « de tapis d’entrée à la ministre de Pointe-aux-Trembles », Chantal Rouleau, dont la réélection semble hautement probable selon les sondages.

Paul St-Pierre Plamondon a affirmé jeudi que cet appui le « touche énormément ». « Je constate que plusieurs personnes en appellent à m’encourager, à faire de moi le député dans Camille-Laurin. Ce sont des appuis que j’accueille favorablement, mais étant donné que toute la question de ce qui s’est passé avec la candidate de QS, ça demeure un évènement malheureux, je vais m’en tenir à ça », a-t-il fait valoir.

Quand on lui demande comment elle a vécu le scandale entourant le vol de dépliant de Marie-Eve Rancourt, Suzie Miron demeure prudente. « C’est vraiment triste comme situation. Ce n’est pas fair-play, ce n’est pas correct ce qu’elle a fait, mais Marie-Eve demeure une bonne personne qui avait de bonnes intentions. C’est juste un gros manque de jugement de sa part », concède-t-elle au bout du fil.

« L’intelligence des électeurs »

Plus tôt cette semaine, le chef parlementaire de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois avait refusé de suggérer à ses militants pour qui voter. « On ne donnera pas de directive de vote pour les électeurs […]. Je fais confiance à l’intelligence des électeurs et je les laisse faire leur choix », avait-il expliqué. En point de presse à Montréal, vendredi, M. Nadeau-Dubois a sensiblement répété la même chose.

« Je respecte l’opinion de Mme Miron. Elle fait son choix comme électrice de Camille-Laurin et je respecte ce choix-là. Moi, j’invite tous les électeurs de Camille-Laurin à faire leur choix. Je respecte leur intelligence. Je sais qu’ils vont faire ce qui est le mieux en leur âme et conscience », a-t-il dit.

En annonçant le retrait de Mme Rancourt, plus tôt cette semaine, le co-porte-parole du parti avait indiqué que « Marie-Eve ne souhaitait pas devenir une distraction pour la campagne de Québec solidaire ». Mme Rancourt, qui est avocate et titulaire d’une maîtrise en droit international et politique internationale, avait préalablement présenté ses excuses sur son compte Twitter.

Aujourd’hui, Suzie Miron dit surtout s’inquiéter pour les citoyens qui ont « perdu leur vote » en se prononçant pour la candidate solidaire par anticipation, avant que ce scandale n’éclate. « J’ai des amis que j’avais recrutés comme membres de QS qui ont voté pour Marie-Eve. Eux sont vraiment choqués d’avoir perdu leur droit de vote. L’appel que je fais, c’est aussi en leur nom », dit-elle.

Avec Hugo Pilon-Larose et Charles Lecavalier, La Presse