Une coalition étudiante militant pour s’attaquer à la crise climatique demande aux partis provinciaux de « faire pression collectivement sur Ottawa » et le gouvernement Trudeau afin de faire cesser les exportations d’énergies fossiles à l’international.

« Que vous soyez souverainistes ou fédéralistes, ultimement, il faut qu’on pousse tous sur un même front sur le Canada pour forcer à en faire plus pour le climat », explique à La Presse Simon Guiroy, porte-parole du Front étudiant d’action climatique (FÉDAC), regroupant plus de 330 000 étudiants.

Son groupe déplore que le plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier que prépare actuellement Ottawa « néglige un éléphant dans la pièce : les exportations d’énergies fossiles ».

Le gouvernement Trudeau compte en effet inclure cette mesure, avec une modification du système de tarification des émissions de carbone, dans son prochain plan de réduction. L’objectif est d’établir un plafond des émissions de GES pour le secteur pétrolier et gazier et de les réduire de près de 40 % d’ici la fin de la décennie. Le ministre Steven Guilbeault espère présenter son plan définitif à ce sujet au début de 2023.

Pour le FEDAC, ce plan n’est pas suffisant, l’exportation des énergies fossiles devant être « prise en compte ». « La majorité́ des GES canadiens vient en fait des exportations d’énergies fossiles à l’international. En 2019, ces GES à eux seuls représentaient 1,3 fois l’équivalent de l’ensemble des GES domestiques du Canada, tous secteurs confondus. Malgré́ cela, ces GES demeurent ignorés par le fédéral, et continuent d’ailleurs de croître chaque année », affirme M. Guiroy.

« Il faut qu’on fasse front commun pour faire pression sur l’État canadien et sortir des énergies fossiles. On doit le faire. Même si vous êtes des partis provinciaux et que ce n’est pas techniquement votre cour, ce n’est plus une excuse aujourd’hui. Il en va de votre crédibilité à gouverner », insiste le porte-parole en entrevue.

Des réponses

Quatre partis ont répondu jeudi à la demande de la coalition. « Les intérêts du Québec sont extrêmement mal servis au sein du Canada, particulièrement en ce qui a trait aux ambitions environnementales. Nous appuyons la revendication du FEDAC, et nous engageons à faire ce qui est en notre pouvoir afin de forcer le Canada à faire mieux pour l’environnement », dit le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon.

« Il est grand temps que le Canada prenne ses responsabilités quant à son exploitation d’hydrocarbures et ses exportations. En pleine crise climatique, le manque d’ambition du gouvernement canadien en matière de lutte contre les changements climatiques est inquiétant », soutient de son côté le solidaire Gabriel Nadeau-Dubois.

Plus prudente, la Coalition avenir Québec affirme croire « fermement au partage des compétences et au respect de l’autonomie gouvernementale ». Au Québec, la compilation de l’inventaire québécois de GES est basée sur ce que préconise la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. « Nous invitons chaque gouvernement à respecter cette Convention », a répondu la formation par courriel.

La libérale Dominique Anglade, elle, rappelle s’être engagée à doter le Québec d’outils transparents « dans notre manière de mesurer l’empreinte carbone de l’activité économique ». « Un gouvernement libéral inviterait les autorités fédérales à faire de même, à plus forte raison en amont de l’entrée en vigueur de la loi visant à fixer des cibles d’émission à l’industrie des carburants fossiles », a-t-elle dit.

Avec La Presse Canadienne

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    C’est le nombre de mégatonnes, en 2020, que représentait le secteur pétrolier et gazier, qui compte pour plus du quart de toutes les émissions de GES au Canada. Ottawa veut réduire de 40 % à 45 % les émissions de l’ensemble des secteurs par rapport à 2005 d’ici 2030.
    Environnement et Changement climatique Canada