Aide aux municipalités Legault promet 100 millions pour lutter contre l’érosion des berges

(Fatima, Îles-de-la-Madeleine) Après avoir constaté les dégâts causés par l’ouragan Fiona aux Îles-de-la-Madeleine, François Legault a promis lundi 100 millions de dollars supplémentaires pour aider les municipalités à lutter contre l’érosion des berges. Il n’y a pas une part réservée exclusivement à l’archipel alors que le chef caquiste reconnaît que c’est là où « c’est le plus pressant d’agir ».

En 2020, à titre de maire des Îles-de-la-Madeleine, son candidat Jonathan Lapierre réclamait, en compagnie du député péquiste Joël Arseneau, 80 millions en 10 ans pour adapter les Îles aux changements climatiques.

En conférence de presse à Fatima, alors que M. Lapierre était à ses côtés, François Legault a refusé de s’engager à verser cette somme s’il est réélu.

Il s’est contenté de rappeler des sommes accordées depuis 2018 par son gouvernement : 16,5 millions en provenance du ministère de la Sécurité publique, 45,6 millions du ministère des Transports.

« Il y a des sous disponibles pour les Îles », s’est réjoui malgré tout Jonathan Lapierre. Il a fait valoir que les 100 millions s’ajoutent aux 70 millions consacrés actuellement à la lutte contre l’érosion des berges.

L’escale aux Îles était prévue de longue date dans le cadre de la campagne, tout comme la promesse de 100 millions, a soutenu François Legault. Fiona a démontré la nécessité de l’investissement, a-t-il fait valoir.

S’il n’y a pas d’enveloppe réservée pour les Îles-de-la-Madeleine, c’est parce que l’érosion des berges touche aussi le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et la Côte-Nord, et qu’« on ne va pas commencer à avoir un programme pour chaque région », a répondu M. Legault. Il a précisé qu’un bureau de projet serait mis en place pour coordonner le travail de huit ministères, parce que les régions se plaignent des dédales bureaucratiques. Ce bureau ferait un inventaire des besoins. « Si c’est nécessaire d’en ajouter plus [d’argent], on va en ajouter plus », a dit le chef caquiste.

Bilan des dégâts

Avec son chapeau de premier ministre, François Legault a eu une rencontre avec le maire intérimaire Gaétan Richard. Il lui a fait un état des lieux des dommages causés par la tempête (sur la route 199 – dont la structure est affectée entre la Pointe-aux-Loups et Havre-aux-Maisons –, au réseau de distribution d’eau, à l’église, sans compter des résidences et des commerces).

Un bureau d’indemnisation ouvrira mardi, alors que M. Legault a promis d’offrir une compensation pour ce qui n’est pas couvert par les assurances. Une consultation publique se tiendra ce jour-là, en soirée, pour les résidants et les commerçants.

Le maire intérimaire a fait valoir l’efficacité des travaux d’enrochement au secteur historique de La Grave, dans le sud de l’archipel. « Juste pour vous donner une idée, des gens de l’autre bord de la rue avaient placardé leur commerce avec du contreplaqué parce qu’ils se disaient qu’avec toutes les roches, ça va sortir et ça va se ramasser partout. Mais il n’y a pas eu de dégâts ; la vague a frappé et est restée du côté de l’enrochement », a expliqué Gaétan Richard.

« J’ai été chanceuse »

Puis François Legault a remis son chapeau de chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) pour rencontrer des sinistrés en compagnie de son candidat, notamment dans le secteur de La Grave.

Des travaux d’enrochement ont été terminés le printemps dernier et ont permis d’éviter le pire dans le secteur. François Legault a affirmé que cette technique pourrait être reproduite ailleurs. Des barges ont acheminé des roches depuis Terre-Neuve pour protéger La Grave. « Je me suis posé la question comme vous. Est-ce qu’on pourrait trouver des roches au Québec ? », a affirmé M. Legault.

Un directeur des travaux de la municipalité, Jean Hubert, lui a expliqué qu’« il y avait énormément de sceptiques au sujet de l’enrochement », mais ils ont été confondus.

« Honnêtement, non, je ne pensais pas que ça ferait la job », a reconnu Linda Lebel, propriétaire d’une chocolaterie.

« Une chance qu’elle n’était pas attachée à la bâtisse ! » a-t-elle dit, tout en ajoutant que des équipements ne fonctionnent plus et que sa terrasse a été lourdement endommagée.

« Pas de digue, pas sûre qu’on serait là. Ça a vraiment marché », a témoigné de son côté Nathalie Bénard, copropriétaire du Café de La Grave, qui déplore elle aussi certains dommages matériels.

Des protections adéquates ?

Dans le secteur du chemin des Chalets, près de Cap-aux-Meules, une résidante, Georgette Landry, a affirmé que c’est pour elle « la panique ». Les installations qu’elle avait aménagées pour protéger sa résidence principale ont été emportées par Fiona. « Dans l’immédiat, si on a une autre tempête… c’est difficile », a-t-elle témoigné.

« Une question qui devra se poser tôt ou tard, a répliqué Jonathan Lapierre, c’est : est-ce qu’il y a une protection qui doit être faite ou est-ce que c’est un déplacement [des propriétés] qui doit être fait ? »

François Legault s’est défendu d’avoir mélangé les genres en se rendant aux Îles-de-la-Madeleine à la fois comme premier ministre et chef de parti. « J’ai fait une conférence de presse en fin de semaine à Québec avec la vice-première ministre. J’ai rencontré seul le maire [intérimaire]. Je pense que j’ai été capable de séparer les deux rôles », a-t-il plaidé. Il a assuré que son parti – et non l’État – paie 100 % des coûts du voyage.

Les Îles-de-la-Madeleine sont une circonscription à suivre le 3 octobre. Le député sortant, le péquiste Joël Arseneau, l’avait emporté par seulement 15 voix en 2018.