(L’Assomption) Au premier jour du vote par anticipation, dimanche, François Legault a brandi le spectre d’une récession économique et a appelé les électeurs à choisir la stabilité plutôt qu’à « prendre des risques ».

En raison notamment des marchés boursiers qui ont terminé la dernière semaine en forte baisse, le risque d’une récession augmente à 50 %, a soutenu François Legault, qui assure que le cadre financier de son parti tient toujours malgré tout. Jusqu’ici, son ministre sortant des Finances, Eric Girard, chiffrait à 35 % le risque d’une récession.

« J’ai eu l’occasion d’échanger avec Eric Girard. On se rapproche du 50 %. Il y a un risque au niveau mondial. Et un risque qui a augmenté dans les derniers jours », a affirmé le chef caquiste lors d’une mêlée de presse, après avoir voté par anticipation dans sa circonscription de L’Assomption.

Il y voit « une raison additionnelle de voter pour la CAQ ». « Parce qu’on a besoin plus que jamais d’un Eric Girard, d’une Sonia LeBel et d’un Pierre Fitzgibbon pour passer au travers », a-t-il dit, laissant une fois de plus entendre que ceux-ci resteraient respectivement aux Finances, au Trésor et à l’Économie si la Coalition avenir Québec (CAQ) est réélue.

Il invite les électeurs à choisir la stabilité, ce que des prédécesseurs ont déjà fait avant lui lors de moments d’incertitude économique – Jean Charest en 2008, par exemple.

On est bien mieux avec des gens compétents qui ont fait leurs preuves que de prendre des risques dans une situation comme ça alors qu’il y a un risque de ralentissement économique mondial plus important.

François Legault

Les marchés boursiers et financiers ont terminé la semaine en forte baisse, vendredi, alors que les investisseurs s’inquiètent de plus en plus d’une dégradation de la conjoncture économique mondiale.

Lisez « Les Bourses secouées par les inquiétudes accrues de récession »

Selon François Legault, même si les perspectives économiques sont plus sombres, le cadre financier de son parti tient toujours. « Eric Girard m’a dit que oui. Parce qu’on a pris des provisions de deux milliards par année, alors que des partis ont pris zéro provision. Nous, on a un cadre financier responsable, conservateur avec un petit c. »

Or, les prévisions de croissance économique inscrites dans son cadre financier sont plus élevées que celles des économistes du secteur privé et même que celles figurant dans le rapport préélectoral du ministère des Finances. François Legault a balayé une question sur le sujet.

Le chef caquiste a commencé à évoquer la perspective de nuages sombres à l’horizon le 20 septembre, en présentant sa « question de l’urne ». « Avec l’inflation, avec l’incertitude économique mondiale, avec les taux d’intérêt qui n’arrêtent pas d’augmenter, je pense que la question de l’urne est autour de l’économie. Qui est capable d’aider les Québécois et remettre de l’argent dans leur portefeuille ? », disait-il. Il a également abordé les conséquences de ruptures de chaînes d’approvisionnement dans des discours depuis.

Vote par anticipation

Dans un geste rarissime chez un chef de parti, François Legault a voté par anticipation dimanche, dans sa circonscription de L’Assomption.

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

François Legault a voté par anticipation dans sa circonscription de L’Assomption.

En règle générale, les leaders des formations politiques exercent leur droit de vote le jour du scrutin. C’est l’occasion pour eux d’inciter les électeurs à se rendre aux urnes en se prêtant eux-mêmes à l’exercice devant les caméras.

Mais le chef caquiste insiste depuis plusieurs jours déjà sur l’importance du vote par anticipation dans ses discours. Il s’attend à ce que la moitié des électeurs qui voteront aux élections le fassent par anticipation, dimanche et lundi.

Le taux de participation au vote par anticipation a augmenté au fil des élections, mais il n’a jamais franchi le seuil des 20 %. Il a atteint 17,9 % en 2018 – contre 11,8 % 10 ans plus tôt.

Le taux de participation total s’est élevé à 66 % il y a quatre ans. Depuis 1931, le plus faible taux a été enregistré en 2008, avec 57,4 %.

« Vous savez, on s’attend à ce que la moitié du monde qui vont aller voter vont aller voter aujourd’hui et demain [dimanche et lundi]. Aujourd’hui et demain, c’est aussi important que le 3 octobre », a lancé M. Legault à une cinquantaine de militants et de bénévoles réunis dans L’Assomption.

« Il faut convaincre le monde d’aller voter aujourd’hui et demain. Il n’y a rien de gagné, il ne faut rien prendre pour acquis. Il y a même un défi pour nous autres parce qu’il y en a qui pensent que c’est déjà joué. Ce n’est pas joué, ce n’est pas joué tant que le monde n’a pas voté », a-t-il ajouté.