Notre panel d’électeurs nous fait part cette semaine de ses réflexions sur la performance des chefs jeudi soir. Le débat de Radio-Canada en a éclairé plusieurs, mais certains restent indécis quant à leur choix pour les prochaines élections provinciales.

François Sabourin

Circonscription : Masson, Lanaudière
Député sortant : Mathieu Lemay, CAQ
Il a grandi dans une famille indépendantiste. Ouvert à l’immigration, au bilinguisme et au multiculturalisme, il se décrit comme étant « plutôt à gauche socialement et un peu plus à droite économiquement ».

Chacun des chefs a eu la chance de s’adresser à son propre électorat. Selon moi, Gabriel Nadeau-Dubois se présente comme le chef du parti de l’environnement et Éric Duhaime comme le chef du parti des déçus de la Coalition avenir Québec. Dominique Anglade se fait la championne des minorités, Paul St-Pierre Plamondon représente les souverainistes et François Legault s’adresse à la majorité francophone de la classe moyenne. Gabriel Nadeau-Dubois est le meilleur débatteur, mais Paul St-Pierre Plamondon est le plus crédible. Les deux chefs appuient toutefois des plateformes indéfendables, selon moi. Il semble que la CAQ pourrait encore l’emporter facilement. J’ai même l’impression que le parti pourrait être au pouvoir encore dix ans.

Thibaut Temmerman

Circonscription : Mercier, Montréal
Députée sortante : Ruba Ghazal, QS
Nouveau citoyen canadien après 12 ans de résidence au pays, il votera pour la première fois au Québec. Intéressé par les propositions des différents partis, il souligne que « le gouvernement sortant n’a pas à rougir de ses résultats ».

Le PQ, le PLQ et QS défendent chacun des propositions intéressantes quant à la transition écologique, l’économie et la crise du logement. Ce premier vote ne sera pas de pleine adhésion. La question de la souveraineté les distingue nettement, mais ce qui m’intéresse, c’est le partage des compétences et la répartition des finances. Malheureusement, il a peu été question du soutien aux régions et aux villes, souvent en première ligne sur les enjeux sociaux et la résilience. Démocratiquement parlant, je trouve particulièrement problématique que les candidats de la CAQ soient absents des débats locaux. C’est le cas dans ma circonscription, et cela pourrait laisser le sentiment d’une élection par défaut.

Thérèse Boutin

Circonscription : Champlain, Mauricie
Députée sortante : Sonia Lebel, CAQ
Franco-Ontarienne, elle habite en Mauricie depuis plus de 20 ans. « Infidèle » politiquement, elle se considère comme « légèrement à gauche ».

Je veux bien changer d’ère, mais tant qu’il y aura des évitements dans le discours public, il nous sera impossible de nous assumer pour vrai, peu importe l’idéologie politique. Si nous continuons carrément à passer sous silence les enjeux reliés au racisme systémique, aux communautés autochtones, à l’immigration, aux changements climatiques, à l’éducation et à la culture, nous ne serons jamais libres chez nous. Par exemple, comment peut-on dire que les changements climatiques sont importants alors qu’on demande de laisser les autorités « tranquilles avec les GES » ? Comment peut-on croire que tout va bien en éducation quand 50 % de la population est analphabète ou éprouve de grandes difficultés de lecture ? Malheureusement, pas un mot sur les Autochtones, et les arts ont été pratiquement ignorés.

Manon Decelles

Circonscription : Blainville, Laurentides
Député sortant : Mario Laframboise, CAQ
Elle suit les enjeux politiques de près, mais hésite encore quant à son choix électoral cette année. Elle se décrit notamment comme de centre gauche.

Je trouve Éric Duhaime déconnecté de la réalité avec ses autoroutes où on roulerait à 120 km/h. Cela ne ferait qu’augmenter les GES, et l’état médiocre de nos autoroutes rendrait la chose encore plus dangereuse. Québec solidaire qui demande aux étudiants de changer d’adresse pour voter me laisse perplexe. François Legault montre son vrai visage avec ses propos qui manquent de sensibilité, notamment en matière d’immigration et à l’endroit des communautés autochtones. Il ne propose rien de concret pour enrayer la pénurie de main-d’œuvre. Par ailleurs, ses candidats ne participent pas aux débats locaux, comme si on voulait les museler. Dominique Anglade reste positive et dynamique. Toutefois, son parti traîne tellement de casseroles que cela nuit à sa campagne. Paul St-Pierre-Plamondon continue d’étonner. Selon moi, c’est lui qui devrait dire « Just watch me ».

Noëlla Robin

Circonscription : Nicolet-Bécancour, Centre-du-Québec
Député sortant : Donald Martel, CAQ
Plutôt de centre gauche, notamment en matière économique, elle précise être pour l’égalité et la parité hommes-femmes sur tous les plans.

Ce sont plutôt les interactions et les discours individuels qui ont retenu mon attention lors du débat. J’ai constaté un conflit de générations entre François Legault et les deux chefs indépendantistes, Gabriel Nadeau-Dubois et Paul St-Pierre Plamondon. Je félicite Dominique Anglade d’avoir mentionné un recul auprès des femmes, sous la gouverne de la CAQ, en ce qui concerne les garderies. Quant à Éric Duhaime, au lieu de présenter son programme, il a énoncé davantage de critiques que de solutions. Même si Gabriel Nadeau-Dubois a bien défendu sa plateforme, Paul St-Pierre Plamondon m’apparaît comme le vainqueur de ce débat. Son calme, son assurance et ses arguments sur les politiques ratées de la CAQ en matière d’éducation, d’immigration et de gestion des garderies étaient bien documentés, selon moi.

Serge de Merlis

Circonscription : Deux-Montagnes, Laurentides
Député sortant : Benoit Charette, CAQ
Ayant voté auparavant pour le Parti québécois et le Parti libéral, il est toujours indécis quant à son choix pour les élections provinciales qui approchent. Il se considère comme plutôt de centre gauche.

D’entrée de jeu, j’ai préféré la formule employée par Radio-Canada à celle de TVA. Pas de cacophonie. Patrice Roy a su garder le contrôle et relancer les chefs au moment opportun. D’ailleurs, tous les chefs ont eu le temps nécessaire pour s’exprimer et répondre aux attaques de leurs adversaires. Paul St-Pierre Plamondon et Gabriel Nadeau-Dubois ont présenté des propositions concrètes, mais pas toujours réalistes quant à Québec solidaire. Cela dit, François Legault et Dominique Anglade sont restés dans les promesses électorales à l’ancienne. Éric Duhaime propose des projets farfelus comme le pont sur l’île d’Orléans et des fonctionnaires à la retraite pour aller enseigner. Ça ne tient pas la route, selon moi. Mon choix s’est précisé après ce débat.

René Charbonneau

Circonscription : Verchères, Montérégie
Députée sortante : Suzanne Dansereau, CAQ
Nationaliste et orphelin politique, s’il est intéressé par certaines propositions des différents partis politiques, aucun parti ne l’a encore convaincu.

Quant à mon vote, ça se jouera probablement entre QS et le PQ. Le programme du PQ est franchement beau, comme il s’adresse à l’environnement, aux aînés, au transport, et à la langue française. Si ce n’était pas d’un référendum dès le premier mandat, je serais tenté de voter pour ce parti. QS est champion en environnement et en mesures sociales. Je me questionne toutefois sur son cadre financier et sa position très à gauche. Selon moi, François Legault divise pour régner. Si on reproche au PCQ d’importer des méthodes américaines, la CAQ le fait allègrement aussi, comme l’a illustré Patrick Lagacé cette semaine. Selon moi, il y a de bonnes idées dans le programme libéral, mais Dominique Anglade traîne les boulets de Philippe Couillard et de Jean Charest.

Lisez « Ça va, Monsieur le PM ? », de Patrick Lagacé

Aurélie Caron-Julien

Circonscription : Sherbrooke, Estrie
Députée sortante : Christine Labrie, QS
Étudiante en soins infirmiers, elle votera pour la deuxième fois aux élections provinciales. Elle garde les yeux ouverts sur les propositions de tous les partis pour faire un choix éclairé.

J’ai bien aimé que la chef du Parti libéral soulève à plusieurs reprises la problématique de l’inégalité entre les hommes et les femmes au Québec. C’est important que le prochain parti au pouvoir s’attarde à cet enjeu, selon moi. Je trouve que l’idée de développer des services de santé privés n’est peut-être pas mauvaise, et j’aimerais en apprendre davantage sur le plan : il faut vraiment désengorger nos hôpitaux. Comme étudiante en soins infirmiers, je côtoie beaucoup le personnel en santé qui est au bout du rouleau. Il faut faire quelque chose.

Ryan Harfouche

Circonscription : Vimont, Laval
Député sortant : Jean Rousselle, PLQ
Étudiant en génie aérospatial, il soutient l’idée d’apporter une aide économique contre l’inflation, notamment pour les étudiants, les personnes âgées et les nouveaux arrivants. La crise du logement, le contrôle des armes à feu et la crise climatique le préoccupent particulièrement.

Le PQ et la CAQ souhaitent réduire les seuils d’immigration et augmenter la proportion des aînés sur le marché du travail, ce qui me semble plutôt une solution à court terme pour régler la pénurie de main-d’œuvre. À mon avis, il est impératif de hausser le nombre d’immigrants et de prendre soin de bien les intégrer, comme l’ont mentionné Gabriel Nadeau-Dubois et Dominique Anglade. Je travaille aux urgences, et je suis témoin des temps d’attente interminables à l’hôpital et des conditions de travail déplorables des soignants. Dominique Anglade semble saisir la nécessité d’éliminer les heures supplémentaires obligatoires et d’assurer l’accès à un médecin de famille pour tous les Québécois. Solliciter le secteur privé en santé suscite peu d’intérêt chez moi. L’accès à la propriété est un problème majeur chez plusieurs jeunes Québécois. La CAQ ne propose aucun plan pour régler la crise du logement et la spéculation immobilière. QS identifie la source du problème, sans expliquer comment il parviendra à la contrer.