(Lévis) François Legault « ne tolère que les gens qui pensent comme lui », a affirmé Éric Duhaime devant plus de 1000 partisans rassemblés à Lévis vendredi soir. Le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ) a offert une réplique cinglante à son adversaire caquiste, qui l’a comparé à Donald Trump et a affirmé qu’il s’était « disqualifié » du poste de premier ministre en jouant le rôle d’« agitateur » depuis deux ans.

« Quand il dit que je suis disqualifié parce que je ne suis pas d’accord avec toutes ses idées et que je critique ses façons de faire, puis sa façon de gérer, il est en train de vous dire que vous aussi, vous êtes disqualifiés », a-t-il lancé, suscitant de vives réactions dans la foule.

Plus de 1000 personnes étaient massées au Centre des congrès de Lévis pour le dernier grand rassemblement de la campagne électorale. Deux personnes ont dû être évacuées par les ambulanciers paramédicaux après avoir subi un malaise.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Éric Duhaime lors d’un rassemblement électoral au Centre des congrès de Lévis, vendredi

« Honte à Legault ! », s’est exclamé un militant.

La foule a mal digéré les attaques du chef caquiste. « C’est grave, a réagi Denise Roussel. C’est gros de dire ça à quelqu’un. »

Après avoir surtout lancé des attaques sur sa gauche en visant Gabriel Nadeau-Dubois au dernier débat des chefs jeudi soir, le chef caquiste a tourné ses canons sur sa droite vendredi pour s’en prendre à son adversaire conservateur. Il a été piqué au vif par une entrevue accordée par Éric Duhaime au 98,5 FM au cours de laquelle il a réitéré qu’il aurait laissé la Santé publique faire ses recommandations au sujet de la COVID-19, mais que les citoyens auraient été libres de les suivre ou non.

« Éric Duhaime s’est disqualifié en refusant d’appuyer les mesures pour sauver nos aînés, sauver des vies », a-t-il lancé devant quelques dizaines de militants réunis dans un local électoral de Laval. Pour lui, Éric Duhaime n’a même pas sa place comme chef de parti. François Legault en vient à le comparer à Donald Trump – sans toutefois nommer l’ancien président américain.

M. Duhaime s’est disqualifié « du poste de premier ministre parce qu’un premier ministre doit être responsable, et je dirais qu’il est disqualifié du poste de chef de parti », a-t-il soutenu lors d’une brève mêlée de presse. « Qu’un leader ne soit pas responsable et vienne encourager les gens à ne pas suivre les mesures, alors que c’est clair qu’il y a eu moins de surmortalité au Québec… Il nie même, il me fait penser à quelqu’un au sud, il nie la réalité, nie les chiffres. »

Ce qu’il veut, c’est aller chercher des votes en profitant de la souffrance de certaines personnes.

François Legault, chef de la Coalition avenir Québec

Le chef conservateur a tourné ces propos en dérision sans révéler ce qu’il pense de l’ex-président américain. « La comparaison est complètement ridicule, a-t-il affirmé dans son discours. Il n’y a personne qui pense que je suis un sosie de Donald Trump, ni idéologiquement ni physiquement.

« Je n’ai pas beaucoup en commun avec l’ex-président américain, a-t-il ajouté. Ça ne veut pas dire que je le considère ou que je ne le considère pas. »

« Ça n’avait pas sa place de le comparer à Donald Trump », a tranché Tommy, un militant de Drummondville qui a refusé de nous donner son nom parce qu’il ne fait pas confiance aux médias traditionnels.

Éric Duhaime y voit un geste désespéré à une dizaine de jours du scrutin. « Ça sent un peu la panique », a-t-il rétorqué à sa sortie d’une rencontre avec la mairesse de Montréal, Valérie Plante. « Je ne vois pas tout d’un coup pourquoi je me serais disqualifié. » Pour lui, le chef de la Coalition avenir Québec voit dans le Parti conservateur « un adversaire plus sérieux qu’il l’avait d’abord estimé ».

L’ex-animateur de radio, polémiste, se considère-t-il comme un agitateur ? « Absolument pas ! Pourquoi je serais un agitateur ? a-t-il répondu à la question d’une journaliste. Parce que je ne pense pas comme M. Legault ? »

Une pub cinglante

Dans une publicité lancée vendredi dans la région de Québec, la CAQ affirme par ailleurs que « voter, c’est comme payer ses taxes : c’est un devoir de citoyen ». « Le meilleur moyen de bloquer le Parti conservateur d’Éric Duhaime, c’est d’appuyer la meilleure équipe de la région de Québec, celle de la CAQ », affirme le parti dans ladite publicité, qui a été autorisée au cours des dernières heures.

IMAGE FOURNIE PAR LA COALITION AVENIR QUÉBEC

La publicité en question est diffusée dans la région de Québec depuis vendredi.

On y invite également l’électeur à se « faire entendre » rapidement en votant par anticipation, dimanche et lundi prochain. Selon plusieurs observateurs, c’est dans la région de Québec que les conservateurs pourraient faire le plus de gains ou, du moins, offrir le plus de compétition à la CAQ.

Avec de pareils propos, les caquistes font référence à la controverse entourant les comptes de taxes foncières et scolaires impayés d’Éric Duhaime. Des experts l’ont appelé dans la foulée à dévoiler ses documents fiscaux, tout comme sa déclaration de revenus et son avis de cotisation.

Avec la collaboration d’Henri Ouellette-Vézina, La Presse