Dominique Anglade affirme n’avoir aucun malaise avec le passé libéral. Reste que depuis deux jours, s’adonnant à un blitz d’entrevues, la cheffe libérale se distancie de plus en plus du dernier règne de Philippe Couillard, qui a été marqué par des politiques d’austérité.

Y a-t-il des éléments du passé libéral avec lesquels vous êtes inconfortables, lui a-t-on demandé mardi. « Je suis mal à l’aise avec rien », a-t-elle répondu du tac au tac, refusant d’aborder directement la question de l’austérité, qui a marqué le dernier gouvernement libéral de Philippe Couillard, de 2014 à 2018.

Pourtant, la leader libérale remet à l’avant-scène « le renouveau » qu’elle dit insuffler à sa formation politique alors qu’elle est constamment appelée à parler du passé dans une ronde d’entrevues qu’elle accorde ces jours-ci à des médias francophones et anglophones.

« C’est peut-être le nom du parti qui marche moyen, le Parti libéral, peut-être si vous appelez ça “C’est plus le parti de Philippe Couillard” ça aurait marché mieux », lui a lancé en boutade la co-animatrice du WKND 99,5 FM, Mélanie Maynard, mardi.

« Sur la messagerie texte, il y a des gens qui disent qu’ils vous adorent, vous, mais qu’ils ne voteraient jamais libéral… les vieilles histoires, les vieilles rancunes, il y a un lien de confiance qui a été brisé pour certains », a renchéri le co-animateur Vincent Dessureault.

« J’entends ce message-là et à toutes les personnes qui vous écrivent, j’ai envie de leur dire : c’est ça, le renouvellement d’une formation politique », a répondu Mme Anglade avant de souligner que « quelques députés se représentent » seulement. La plupart des vétérans libéraux, comme Pierre Arcand, Gaétan Barrette et Carlos Leitão, ne sollicitent pas de nouveaux mandats.

« Il y a Marwah Rizqy qui reste, Isabelle Melançon, Monsef Derraji. Il y a plein de nouveaux qui viennent », a-t-elle ajouté. Mme Anglade mise aussi sur des candidats comme Mathieu Gratton et Alexandra Veilleux « qui n’ont jamais voté libéral de leur vie ».

Austérité : « On est ailleurs »

La cheffe libérale esquive pourtant les questions sur ce que la différencie de ses prédécesseurs quand elle évoque « un renouvellement ». Sans vouloir aborder directement les politiques d’austérité du gouvernement Couillard, duquel elle a été vice-première ministre, Mme Anglade répond « qu’on est ailleurs ».

« On a trois crises devant nous et on a besoin de réinvestir dans nos services publics », a-t-elle affirmé en marge d’un dîner-causerie devant les membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Pourtant, son ex-collègue et ancien ministre libéral sous Philippe Couillard, Luc Fortin, qui était sur place, a reconnu que l’époque de cette rigueur budgétaire a fait mal au Parti libéral du Québec (PLQ) et que Mme Anglade se devait de « reconnecter avec la population » et les régions. Il reconnaît aussi que les troupes libérales ont peut-être manqué de « considérations » à l’égard des Québécois, à ce moment.

« Je pense que les gens s’attendaient de 2014 à 2018 qu’on fasse un ménage dans les finances publiques, ça faisait partie des engagements que nous avions pris. C’est peut-être dans la manière dont ça a été fait, dans le manque de considération des fois à l’égard de la population. Je pense qu’il faut reconnaître ces erreurs-là, c’est ce que Dominique Anglade a fait dans le cadre de son mandat comme cheffe libérale », a-t-il dit.

De son côté, la cheffe libérale demande qu’on cesse de la comparer aux « hommes qui l’ont précédée » à la tête du PLQ. « Je ne suis ni Philippe Couillard ni Jean Charest ni Robert Bourassa. Je suis Dominique », a-t-elle lancé. « On ne peut pas revenir éternellement sur le passé, ce n’est pas ce que j’ai envie de faire […] Tous les gouvernements, il y a des choses qui sont bonnes, d’autres qui sont moins bonnes. »