(Nicolet) L’appel à la prudence en présence de personnes vulnérables à la COVID-19 n’a visiblement pas été entendu par Éric Duhaime et son équipe. Le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ) a fait une annonce dimanche dans une résidence privée pour aînés où ni lui ni ses candidats ne portaient de masques, deux jours après leur rassemblement monstre au Centre Videotron.

« Il n’y a pas de recommandation de la Santé publique », a-t-il fait valoir après avoir été questionné par les journalistes en conférence de presse. « Je sais que les autres candidats des autres partis font aussi campagne pas de masque, donc je pense qu’au Québec on a beaucoup souffert des mesures sanitaires récentes et les gens présentement profitent de leur liberté. »

« Si on m’avait dit de le mettre, je l’aurais mis, madame, a-t-il ajouté. On leur a demandé quand on est arrivé et il n’y a personne qui a eu des symptômes non plus. »

Éric Duhaime n’est pas le seul candidat à l’élection à avoir rendu visite à des personnes âgées sans porter le masque. Celui-ci n’est plus obligatoire dans les résidences privées pour aînés (RPA) depuis le 14 mai, lorsqu’il n’y a pas d’éclosion de COVID-19.

La semaine dernière, plusieurs spécialistes, dont le DDavid Lussier, de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal avaient appelé les candidats et les chefs de l’ensemble des partis à faire preuve de prudence en présence de personnes âgées et vulnérables.

« Même si le port du masque n’est plus obligatoire dans les RPA, il devrait être porté par les candidats et leur équipe, a-t-il rappelé sur Twitter dimanche. Un geste simple, signe de respect pour les électeurs, qui peut sauver des vies. »

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Le chef conservateur a présenté son plan dimanche pour améliorer la vie des aînés dans la salle commune des Résidences Chambertin à Nicolet, deux jours après son rassemblement de mi-campagne où plus de 2000 personnes étaient rassemblées à l’intérieur du Centre Videotron. Le Festival d’été de Québec, qui avait attiré des dizaines de milliers de festivaliers sur les plaines d’Abraham, avait généré une forte transmission durant l’été.

Le propriétaire de cette résidence, Sylvain Mercier, a confirmé qu’il n’avait pas demandé le port du masque. « Les gens ici vont au restaurant, vont un peu partout, est-ce qu’ils sont obligés de mettre un masque au restaurant ? » Il a ajouté que les résidants étaient tous vaccinés plusieurs fois pour être protégés contre la COVID-19. Visiblement ému, il s’en est pris ensuite au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québe, qui aurait refusé de vacciner des personnes âgées deux jours avant l’échéance de leur prochaine dose.

Plusieurs candidats d’autres partis ont fait campagne à ce jour dans des résidences pour aînés sans porter le masque. Il y a une semaine, le candidat caquiste Bernard Drainville a d’ailleurs retiré une photo des réseaux sociaux où on le voyait sans couvre-visage avec une femme de 96 ans.

Liberté de choix

Lorsqu’une journaliste a demandé à Éric Duhaime si lui ou son équipe utilisaient des tests rapides, le chef conservateur est demeuré évasif. « Si personne n’a de symptômes, j’imagine qu’on ne se teste pas », a-t-il répondu.

Le DKarim Elayoubi, candidat conservateur dans Argenteuil, a indiqué s’être testé pour la COVID-19 vendredi et le faire régulièrement tous les deux jours. « Je sais que je ne l’ai pas à l’heure actuelle », a-t-il dit.

De nombreux militants conservateurs s’opposent aux mesures sanitaires. Leur chef Éric Duhaime prône la liberté de choix. En cas d’une nouvelle vague de COVID-19, il suivrait les recommandations de la Santé publique, mais ne rendrait aucune mesure obligatoire, même dans les résidences pour personnes âgées. « Pour nous, les mesures coercitives n’ont pas fait leurs preuves », avait-il déclaré mercredi.

Duhaime blâme les médias

Peu de temps après la publication de cet article, Éric Duhaime s’est attaqué aux médias dans un message sur Facebook. « Pas un seul média n’a soulevé le fait que monsieur Legault était entouré de nombreux aînés le 30 août dernier, sans masque et sans distanciation sociale, a-t-il déploré. Les autres chefs ont aussi été aperçus avec des aînés sans masque, sans distanciation sociale. »

Il a ensuite accusé les médias de faire preuve de « deux poids, deux mesures » dans leur couverture du PCQ.

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, était resté à l’extérieur lorsqu’il avait rendu visite aux résidants âgés du Manoir Le Quartier, à Saint-Georges-de-Beauce.

Plan pour les aînés

Soutien à domicile, assurance autonomie, maisons bigénérationnelles… Contrairement à ceux de ses adversaires, la plupart des propositions des conservateurs pour améliorer la vie des aînés ne sont pas chiffrées. Leur plan contiennent neuf propositions :

  • renforcer le soutien à domicile
  • modifier le financement des organismes d’aide aux aînés
  • offrir un crédit d’impôt pour la prolongation de carrière
  • offrir une assurance autonomie
  • décentraliser les services aux aînés
  • réduire l’isolement des aînés
  • financer les proches aidants
  • assouplir la réglementation pour les maisons bigénérationnelles
  • lancer une commission d’enquête sur les morts causées par la COVID-19 dans les CHSLD

Les sommes d’argent qui seraient allouées à chacune de ces mesures ne sont pas indiquées. « Quand on favorise, par exemple, le maintien à domicile et qu’on favorise quelqu’un plutôt que d’aller dans une institution, c’est un transfert et non pas un ajout d’argent », a souligné le chef conservateur. Il a ajouté que de permettre l’assurance autonomie n’est « pas une dépense » et que décentraliser les services « n’est pas une question financière ».

Il a par la suite reconnu que pour les soins à domicile et l’autonomie des aînés, « il va y avoir un coût », notamment en raison du vieillissement de la population.

Seulement quelques-unes des neuf propositions sont incluses dans le cadre financier présenté par le parti la semaine dernière. C’est le cas du crédit d’impôt pour proches aidants qui serait bonifié de 50 % et coûterait ainsi 300 millions annuellement.

Le crédit d’impôt pour le prolongement de la carrière des travailleurs âgés, qui passerait de 1500 $ à 3000 $ pour les 60 à 64 ans et de 1650 $ à 5000 $ pour les 65 ans et plus coûterait plus d’un milliard de dollars annuellement, selon le cadre financier.