Après avoir entretenu un certain flou, Dominique Anglade commence à préciser les contours de son projet Éco. La cheffe libérale a déclaré samedi qu’un gouvernement Anglade triplerait la production annuelle d’énergie éolienne pour la fixer à 30 térawattheures (TWh) d’ici 2030.

« Vous savez qu’on exploite 1 % du potentiel éolien, alors on pourrait se rendre à court terme à trois fois plus ce qu’on a aujourd’hui », a finalement précisé Dominique Anglade. « C’est au moins pour nous amener [là] d’ici 2030 », a-t-elle ajouté lors d’une mêlée de presse à Anjou, samedi.

En ce moment, le Québec produit environ 10 TWh d’énergie éolienne. Cette production pourrait donc atteindre 30 TWh d’ici huit ans, selon l’objectif de Dominique Anglade. Cela exclurait les parcs éoliens en développement et les appels d’offres en cours, a précisé son équipe.

Un peu plus tôt, la leader libérale avait affirmé que l’éolien allait jouer un rôle « énorme » dans le déploiement de son fameux projet Éco, sans être capable de préciser dans quelle proportion. Cet engagement phare de sa campagne électorale prévoit l’ajout de l’équivalent de 21 fois la production du complexe de la Romaine en électricité. C’est énorme.

Le projet Éco, qui vise la nationalisation de l’hydrogène vert, prévoit en effet une production additionnelle de 170 térawattheures (TWh) d’électricité d’ici 2050.

D’où viendra cette électricité ? Mme Angalde évoque depuis plusieurs jours un bouquet de secteurs, comme l’éolien et le solaire, sans plus de précisions, laissant le soin aux experts d’établir les cibles. Elle écarte déjà malgré tout l’aménagement d’un nouveau barrage hydroélectrique, comme le propose son adversaire François Legault, pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

Il est possible, selon elle, de récupérer 16 TWh en économie d’énergie ; c’est deux fois plus que ce qu’Hydro-Québec vise d’ici 2030. Ce qui laisse une production de 154 TWh d’électricité à identifier, dont maintenant au moins 30 TWh viendraient de l’éolien. Elle veut aussi miser sur le stockage d’énergie et optimiser la production des barrages actuels.

« On ne peut pas vous dire aujourd’hui et jusqu’en 2050 de façon précise comment on va y arriver. Ce qu’on peut vous dire, par contre, c’est qu’on sait qu’il y a un potentiel qui est important puisqu’on utilise seulement 1 % [du gisement éolien au Québec]. C’est pas vrai qu’on n’est pas capables d’augmenter ce potentiel-là », a-t-elle expliqué en marge d’un évènement de Force jeunesse où elle à nouveau vanté son projet.

Un potentiel « extraordinaire »

Selon l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER), le Québec dispose d’un immense gisement éolien dont seulement 0,1 % a été mise à contribution. « Ce que vous voyez, le moins de 1 %, ça correspond à environ 10 térawattheures. C’est sûr que ça va en prendre plus », a-t-elle dit. Mme Anglade ne précise pas quelle proportion de ce gisement pourrait être exploitée pour le projet Éco.

Il va falloir aller chercher les meilleurs gisements éoliens, mais ça, ce sont les experts qui vont pouvoir nous le dire. Mais, est-ce qu’on peut au moins se doter d’une vision ?

Dominique Anglade, cheffe libérale

Son équipe a par la suite confirmé que le projet Éco se traduirait par l’ajout de milliers d’éoliennes à travers la province.

Le potentiel exploitable d’énergie éolien au Québec est de 12 000 TWh, selon un inventaire du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles.

« Ça veut juste dire qu’on a un potentiel extraordinaire qu’il va falloir qu’on étudie. Je ne ferai pas ça sur un coin de table. Il va falloir qu’on étudie par rapport à l’éolien, même chose pour le solaire, même chose par rapport à l’économie d’énergie », a résumé Mme Anglade.

La leader libérale affirmait en début de campagne que son projet Éco nécessiterait 100 TWh d’électricité avant que son équipe corrige le tir et précise qu’il en faudrait plutôt 170 TWh.