Tout au long de la campagne, La Presse visite des circonscriptions où rien n’est joué, à la rencontre des électeurs, des candidats, et des enjeux qui leur tiennent à cœur. Aujourd’hui : Verdun

La forteresse libérale de Verdun est plus que jamais attaquée, les solidaires et les caquistes tentant d’y faire une percée. Mais au-delà de la partisanerie, tous les candidats et les résidants de la circonscription s’accordent sur la priorité : offrir plus, beaucoup plus, de logement abordable.

« Ça a bien changé depuis 30 ans », souffle Marek Zielinski, qui demeure dans Verdun depuis les années 1990. « Avant, on avait le choix pour se loger. On sentait aussi le désir des propriétaires de louer. Ce n’est plus ça aujourd’hui. Maintenant, on subit beaucoup de pression pour partir, afin que le propriétaire remette la même unité sur le marché, au double du prix », lance le Verdunois.

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Marek Zielinski

Même s’il reste de moins en moins de terrains disponibles, « il y en a encore quand même », fait valoir M. Zielinkski. « On n’a plus le choix. Il faut davantage de logements sociaux ou abordables, et surtout, qui soient vastes », dit-il.

Rue Wellington, la jeune étudiante Gabrielle Auclair est du même avis.

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Gabrielle Auclair

Le logement ici est devenu tellement cher, ça a vraiment monté. Ça nous prend plus d’offres, plus d’abordabilité.

Gabrielle Auclair, étudiante

« Ce qu’on aimerait voir, c’est une baisse des prix ou au moins une stagnation des prix qui reste un certain temps. Chaque année, ça augmente rapidement et à un moment donné, ça devient tout simplement trop cher. On n’a pas des appartements de fou », dénonce aussi Julien Lavoie, qui demeure avec sa conjointe dans Verdun depuis deux ans et demi maintenant.

Connaissance des enjeux

Députée sortante et élue depuis 2016, la libérale Isabelle Melançon concède faire face à plus de compétition qu’il y a quatre ans. Mais elle assure être celle « qui connaît le mieux les réalités de la place ». « Ça inclut évidemment le logement. On a déjà annoncé qu’on créerait 50 000 logements sociaux en 10 ans. Et surtout, on va libérer des sommes pour faire de la décontamination, et monter des logements rapidement. Trop de projets sont en attente actuellement », avance-t-elle

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Isabelle Melançon, députée sortante et candidate du Parti libéral dans Verdun

Mme Melançon déplore d’ailleurs avec force des situations comme l’Hickson Dupuis, un projet de trois unités contiguës de centaines de logements qui est toutefois bloqué par l’usage du droit de préemption de la Ville, comme l’avait rapporté La Presse en août. « Quand il y a une offre, ne pas en profiter, c’est nuire à la problématique », tonne la libérale à ce sujet.

Sa rivale caquiste, Véronique Tremblay, est justement conseillère municipale dans Verdun pour l’administration de Valérie Plante. « C’est le fun : on a une vraie course cette année, une vraie compétition. Et moi, j’adore ça. Je connais les enjeux, et j’entends le démontrer », lance-t-elle en entrevue.

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Véronique Tremblay, candidate de la Coalition avenir Québec dans Verdun, avec François Legault

Son parti, celui du premier ministre sortant François Legault, s’est déjà engagé à livrer 11 700 unités de logements sociaux et abordables d’ici quatre ans. « Je vais me battre pour que Verdun ait sa juste part », dit Mme Tremblay. Elle estime, en se basant sur les chiffres de la Table de concertation en développement social de Verdun, que la circonscription a actuellement besoin de 3000 nouvelles unités.

« La rue la plus cool au monde »

Chez Québec solidaire, c’est la présidente du parti, Alejandra Zaga Mendez, qui tentera de ravir le siège aux libéraux. « Wellington, c’est la rue la plus cool au monde, mais il faut qu’elle reste la plus cool pour tout le monde », s’exclame-t-elle d’emblée. La solidaire entend notamment « réglementer la question des baux commerciaux, pour que les commerces locaux et familiaux puissent rester en place ».

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Alejandra Zaga Mendez, candidate de Québec solidaire dans Verdun

« On n’a aucune réglementation actuellement. C’est un peu le Far West », dit la Péruvienne d’origine, qui veut aussi « lutter férocement contre les rénovictions, et avoir un vrai programme de contrôle des loyers ». « Pour le logement social, on a les terrains disponibles. Le besoin, c’est le financement pour y avoir accès, les décontaminer, et les construire », soutient-elle aussi, en rappelant que Québec solidaire veut aussi « favoriser la conversion de résidences privées pour aînés (RPA) en coopératives d’habitations afin de conserver leur mission et leurs prix abordables ».

La péquiste Claudia Valdivia, elle, a bon espoir de « causer la surprise », malgré le retard considérable de son parti dans les sondages. Pour elle, le cœur du problème en matière de logement, « ce sont les investissements étrangers », de plus en plus présents à Montréal.

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Claudia Valdivia, candidate pour le Parti québécois dans Verdun

« Il faut les taxer très fortement, pour prendre notre part du butin. Je pense que ça prendrait aussi une aide financière, pour aider les familles comme la mienne à s’acheter un bloc, et vivre de manière intergénérationnelle. Mon rêve, personnellement, c’est d’acheter et de mettre ma fille en bas, avec ses enfants », souffle celle qui milite pour le Parti québécois depuis déjà plusieurs années.

Projections du vote

Selon les plus récentes projections de l’agrégateur de sondages Qc125, Québec solidaire et la CAQ sont au coude à coude dans Verdun, avec respectivement 28 % et 30 % des intentions de vote chacun. Les libéraux viennent ensuite avec 22 %, et les péquistes avec 11 %.