(Laval) Les baisses d’impôts « historiques » promises par Éric Duhaime en campagne électorale totaliseraient près de 30 milliards sur cinq ans s’il formait un gouvernement. Le chef du Parti conservateur du Québec prévoit tout de même un retour à l’équilibre budgétaire à la troisième année d’un premier mandat.

Il a présenté son cadre financier mercredi à la veille du premier face-à-face avec ses adversaires, accompagné d’Adrien Pouliot, qui a dirigé la formation politique de 2013 à 2021. Les prévisions du PCQ s’échelonnent sur cinq ans, soit 2022-2023 à 2026-2027.

« Ce que le cadre financier met en évidence, c’est que le Parti conservateur du Québec est clairement le parti de la rigueur budgétaire et aussi de l’équité entre les générations », a souligné M. Duhaime en conférence de presse.

Il prévoit tout de même une hausse des dépenses, qui totaliseraient 711 milliards sur cinq ans et des revenus de 745 milliards, ce qui donnerait un surplus de 45 milliards à la fin de l’exercice.

Le chef conservateur, qui fait campagne sur la réduction de la taille de l’État, prévoit le retour à l’équilibre budgétaire dès 2024-2025 avec un solde positif de 934 millions, après le versement au Fonds des générations, tout en accordant d’importantes baisses d’impôts. Les surplus seraient trois fois plus importants l’année suivante à 3,1 milliards et doubleraient à 6 milliards au début d’un deuxième mandat.

Éric Duhaime a promis que la première tranche de 20 000 $ du revenu des particuliers serait exempte d’impôt. Le montant personnel de base en 2021 était de 15 728 $. Il offrirait ensuite une diminution de 15 % à 13 % du premier palier d’imposition (jusqu’à 46 295 $), puis une réduction de 20 % à 18 % du deuxième palier (de 46 295 $ à 92 580 $). Un ménage qui aurait un revenu annuel imposable de 60 000 $ obtiendrait ainsi une réduction de 1540 $.

Le chef conservateur comptait aller chercher « des milliards » de revenus avec l’exploitation des hydrocarbures. Dans le cadre financier, les redevances pour l’exploitation des gaz de schiste atteindraient 394 millions de 2024-2025 à 2026-2027. L’État collecterait plutôt des milliards de revenus sur plusieurs décennies, a-t-il précisé.

Ce serait plutôt avec le plafonnement des dépenses de l’État et l’allègement administratif que le PCQ compte faire augmenter la colonne des revenus. Il espère aller chercher en tout 8,9 milliards en limitant les dépenses de l’État à 3,5 % sauf exception. Le ministère de la Santé des Services sociaux, par exemple, aurait une croissance des dépenses plus importante. En éducation, cela signifierait deux ponctions de 437 millions en 2023-2024 et 697 millions en 2024-2025.

Le PCQ estime que l’allègement administratif déjà promis générerait 7,9 milliards d’économies. Les coupes dans les subventions aux entreprises et une plus grande ouverture au secteur privé en santé bonifieraient également les revenus de l’État.

Éric Duhaime s’inspire de l’ex-premier ministre conservateur Stephen Harper qui avait effectué un contrôle féroce des dépenses durant son dernier mandat de 2011 à 2015. Il avait forcé l’État à se serrer la ceinture en sabrant la fonction publique fédérale et avait réussi à éliminer le déficit budgétaire.

L’erreur dans le cadre financier du PLQ « ironique », selon Duhaime

L’erreur de 12 milliards dans le cadre financier présenté par le Parti libéral du Québec n’est pas passée inaperçue au Parti conservateur du Québec. La Presse rapportait mercredi que les libéraux avaient sous-estimé la dette du Québec de 12 milliards de dollars.

« Je trouve juste ça ironique que ça survienne alors que Mme [Anglade] disait que je n’étais pas éligible parce que j’avais payé un compte de taxes en retard, a réagi Éric Duhaime. Elle a fait une erreur de 12 milliards dans son cadre financier, je ne sais pas si ça la rend inéligible ? Moi, je considère que non. Je considère qu’elle a le droit de se présenter même si elle a fait une erreur de 12 milliards d’erreur dans son cadre financier. »

La cheffe libérale Dominique Anglade avait récemment affirmé que les comptes de taxes foncières et scolaires non payés du chef conservateur étaient « assez disqualifiant ». Éric Duhaime a été critiqué par ses adversaires politiques pour ses divers comptes en souffrance au fil des ans : taxes municipales, taxes scolaires, compte d’électricité et facture pour des travaux de plomberie.

Dans le cas, des comptes de taxes foncières et scolaires, il a indiqué que son locataire devait s’en acquitter. Il s’agit d’un ami en difficulté à qui M. Duhaime est venu en aide en rachetant sa propriété et à qui il ne facture pas de loyer.