Un gouvernement du Parti québécois ferait gonfler les dépenses de 29,7 milliards dans un premier mandat et ajouterait de nouveaux revenus à la hauteur de 12,3 milliards, en taxant notamment les GAFAM et les « profiteurs de crise ». La formation politique dépenserait aussi 231 millions pour réaliser l’indépendance du Québec.

Le Parti québécois (PQ) a dévoilé mardi son cadre financier qui s’échelonne de 2022-2023 jusqu’à 2026-2027. Le document initial indiquait des dépenses totales de 29,9 milliards pour la réalisation des engagements, mais la formation politique a fait parvenir en soirée mardi un cadre financier « ajusté » qui fait plutôt état de dépenses de 29,7 milliards.

Il s’agirait d’une erreur de report de ligne sur Excel, a-t-on indiqué. Cela a aussi eu pour effet de modifier les prévisions du solde budgétaire que nous avons ajusté à partir des corrections présentées en soirée.

Sous un gouvernement péquiste, l’État québécois renouerait avec les surplus budgétaires d’ici deux ans (2023-2024) avec la création d’une « taxe sur les surprofits » qui s’attaquerait aux entreprises qui ont engrangé des surplus surdimensionnés en raison des crises récentes.

Cette nouvelle taxe n’a pas encore fait l’objet d’une annonce et sera dévoilée en deuxième moitié de campagne. « On parle de certains secteurs économiques qui ne sont pas concurrentiels, qui sont en situation de monopole ou d’oligopole, qui ont profité de l’inflation pour voler les consommateurs », a laissé savoir le chef Paul St-Pierre Plamondon. Les pétrolières seraient dans sa ligne de mire.

Selon le cadre financier du PQ, cette nouvelle taxe permettrait d’engranger des revenus de 1 milliard dès l’an prochain (2022-2023) et de 250 millions l’année suivante.

La formation prévoit aussi récupérer 1,8 milliard de nouveaux revenus sur cinq ans (321 millions dès la première année) en imposant une taxe aux géants du web, les Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft (GAFAM), à la hauteur de 3 % de leurs chiffres d’affaires québécois.

Le PQ prévoit aussi récupérer des revenus de 1,1 milliard en mettant fin à l’incorporation des médecins (environ 220 millions par année).

Le parti prévoit un retour à l’équilibre budgétaire dans quatre ans, en 2025-2026. Il reviendra à un budget à l’encre rouge la cinquième année avec un déficit budgétaire estimé à 492 millions en raison des investissements massifs prévus dans le virage vers les soins à domicile.

Solde budgétaire

  • 2022-2023 : - 4,6 milliards
  • 2023-2024 : + 283 millions
  • 2024-2025 : + 442 millions
  • 2025-2026 : équilibre budgétaire
  • 2026-2027 : - 492 millions

Ce virage en fait l’une des dépenses les plus coûteuses du PQ avec de nouveaux investissements de 7,7 milliards sur cinq ans. Paul St-Pierre Plamondon a annoncé en début de campagne qu’un gouvernement péquiste augmenterait l’offre de soins à domicile progressivement en y injectant à terme 3 milliards.

Nouvelles dépenses en soins à domicile

  • 2022-2023 : 200 millions
  • 2023-2024 : 1 milliard
  • 2024-2025 : 1,5 milliard
  • 2025-2026 : 2 milliards
  • 2026-2027 : 3 milliards

Le plan climat du Parti québécois, qui prévoit notamment de doubler l’offre de transport collectif au Québec, ajouterait des dépenses de 1,5 milliard par année à l’État québécois jusqu’en 2026-2027. La « passe climat », qui offrirait un accès illimité aux transports en commun, coûterait 180 millions la première année.

Pour effectuer sa « transition juste », qui prévoit de requalifier les travailleurs et accompagner les entreprises dans leur verdissement, le PQ dépenserait 1 milliard par année jusqu’en 2026-2027, qu’il finance en puisant dans le Fonds des générations, ce qui aurait comme effet de réduire les versements.

Versements au Fonds des générations

  • 2022-2023 : 3,4 milliards
  • 2023-2024 : 1,5 milliard
  • 2024-2025 : 2 milliards
  • 2025-2026 : 2,2 milliards
  • 2026-2027 : 2,5 milliards

Toute la transition économique et verte du PQ coûterait au total 11 milliards sur quatre ans (2,8 milliards par année en moyenne).

Le PQ a aussi promis une exemption d’impôt sur les derniers 35 000 $ des revenus des 60 ans et plus dans le but de les inciter à rester sur le marché du travail. Cette mesure priverait l’État de 8 milliards sur cinq ans, mais la formation politique estime qu’elle rapporterait néanmoins des revenus supplémentaires avec le retour de ces travailleurs d’expérience (9,6 milliards sur cinq ans).

Indépendance

Paul St-Pierre Plamondon s’est engagé à tenir un référendum sur l’indépendance du Québec dans un premier mandat d’un gouvernement du Parti québécois. Selon le cadre financier, « la préparation de l’indépendance » entraînera des dépenses à compter de l’année prochaine avec un investissement de 75 millions.

Cette somme atteindra 77 millions en 2024-2025 et 79 millions l’année suivante, pour un total de 231 millions sur trois ans. Ces sommes serviraient à la « préparation économique et sociale à l’éventualité de l’avènement d’un pays » et à la réalisation d’études sur le cadre juridique, la monnaie ou l’armée, par exemple.

« Ça ne se fait pas sur un coin de table, c’est une question de responsabilité […]. Au jour 1 d’un nouveau pays, les choses doivent être en place, les investissements doivent avoir été réfléchis tout comme le message qu’on doit envoyer sur les marchés internationaux », a expliqué le chef péquiste. Bien que les investissements soient prévus jusqu’à la fin d’un premier mandat, un référendum pourrait venir avant quatre ans.

C’est beaucoup moins que Québec solidaire (QS), qui dépenserait un demi-milliard pour préparer la souveraineté. La proposition de QS est cependant différente, puisque cela prévoit la création d’une Assemblée constituante qui rédigerait la Constitution d’un futur pays.

Le cadre financier du Parti québécois a été approuvé par le professeur du département d’économie de l’Université d’Ottawa, Paul Makdissi.