(Québec) Promis depuis des semaines, la Coalition avenir Québec (CAQ) détaille enfin lundi son engagement de réduire le fardeau fiscal. Le parti de François Legault promet de baisser d’un point de pourcentage les deux premiers paliers d’imposition dès 2023 en pigeant dans les versements prévus au Fonds des générations.

Cet engagement s’inscrit pour la CAQ dans son plan pour aider les familles québécoises face à l’inflation. M. Legault a promis dimanche qu’il présenterait au cours des prochains jours quatre mesures dans ce qu’il appelle un « bouclier ». Une autre mesure, qui sera annoncée plus tard cette semaine, visera à aider les familles à faibles revenus.

Dans un premier temps, une réduction d’un point de pourcentage pour les deux premiers paliers d’imposition ferait en sorte qu’un travailleur qui gagne 80 000 $ annuellement enverrait 630 $ de moins en 2023 à Revenu Québec. Cette mesure, étalée sur quatre ans (la durée d’un mandat au gouvernement), représente un coût de 7,4 milliards pour Québec.

Pour financer cette promesse, le chef de la CAQ propose d’utiliser 39 % des versements prévus au cours des prochaines années au Fonds des générations, en limitant ceux-ci à 3 milliards à la fin du prochain mandat. À titre comparatif, le Rapport préélectoral sur l’état des finances publiques du Québec, déposé par le ministère des Finances plus tôt ce mois-ci, indiquait que le gouvernement verserait près de 5 milliards dans le Fonds en 2026-2027.

Poids de la dette 

Selon le ministre des Finances et candidat de la CAQ dans la circonscription de Groulx, Eric Girard, réduire les versements au Fonds des générations est une approche « équilibrée, prudente et responsable ». Le Fonds, instauré après l’adoption de la Loi sur la réduction de la dette, en 2006, est uniquement dédié au remboursement de la dette du Québec. Il vise à assurer une équité intergénérationnelle, afin que les prochaines générations ne se retrouvent pas pénalisées à long terme par le poids d’une lourde dette créée par les générations actuelles.

« Nous allons réduire la vitesse à laquelle nous diminuons le poids de la dette pour redonner de l’argent aux contribuables. […] [Cela] va encourager le travail et favoriser l’accroissement de l’enrichissement collectif », a justifié M. Girard, qui accompagnait François Legault à son point de presse à Québec.

PHOTO PATRICE LAROCHE, LE SOLEIL

Le ministre des Finances, Eric Girard

Même en se privant de façon récurrente de revenus, le chef caquiste se dit convaincu le gouvernement du Québec n’ampute pas pour autant sa capacité de financer les différentes missions de l’État (santé, éducation, etc.), alors que le coût de ces différents programmes augmente.

« Il faut continuer à bien financer la santé, mais si on veut réduire notre écart de richesse [avec l’Ontario], il faut inciter […] les gens à travailler plus, [et comment on le fait], c’est avec des baisses d’impôts. Quand on baisse les impôts, on s’attend aussi à ce que ça stimule l’économie et éventuellement ça amène des augmentations de revenus », a dit M. Legault.

Pour lui, « c’est responsable de garder 60 % des versements au Fonds des générations pour rembourser la dette ».

À plus long terme, la CAQ propose de baisser sur un horizon de dix ans les deux premiers paliers d’imposition de 2,5 %. Il s’agit toutefois d’un « objectif », a convenu le chef caquiste, qui ne peut pas prévoir que son parti sera toujours au pouvoir à ce moment-là.

La bataille des baisses d’impôts

Plus tôt lundi, la cheffe du Parti libéral a elle aussi procédé à des engagements afin de réduire le fardeau fiscal. Dominique Anglade propose pour sa part de baisser de 1,5 point de pourcentage les deux premiers paliers d’imposition, ce qui représenterait une baisse d’impôt allant jusqu’à 1125 $ par année.

« Il est possible de baisser les impôts sans endetter les prochaines générations comme le promet François Legault. Jamais le Parti libéral n’hypothéquerait l’avenir de nos jeunes pour financer une promesse électorale », a-t-elle réagi sur Twitter.

Le groupe Force Jeunesse, qui a participé à l’instauration du Fonds des générations, s’est dit scandalisé lundi de la promesse caquiste, demandant au parti de réviser son engagement électoral.

« La CAQ fait fausse route en souhaitant utiliser le Fonds des générations pour financer des baisses d’impôts. […] En réduisant les versements au Fonds des générations de 39 %, le gouvernement du Québec hypothéquerait les choix des générations futures pour financer des baisses d’impôts à court terme pour les contribuables », a déclaré son président Simon Telles.