(Rimouski) En reniant sa promesse de réformer du mode de scrutin sous prétexte que ça n’intéresse « personne » mis à part « quelques intellectuels », François Legault ne « respecte » pas « l’intelligence des gens qui ont suivi ces débats-là », critique Paul St-Pierre Plamondon. Le chef caquiste, de son côté, persiste et signe.

« Les gens sont intelligents et ils suivent ça. Ils veulent pouvoir se fier au politique », a expliqué le chef du Parti québécois, lundi à son arrivée à Rimouski. Paul St-Pierre Plamondon se questionne sur « le rapport à la démocratie » et « le rapport au respect de l’intelligence des gens » du chef de la Coalition avenir Québec.

« C’est comme de présumer que les gens ne s’intéressent tellement pas à la politique, qu’ils ne se sont pas rendu compte qu’on a signé une entente et que des gens réfléchissent à comment on pourrait améliorer nos systèmes. Les gens suivent et s’intéressent. Il faut respecter ça et encourager ça », a lancé le chef du PQ, aux côtés de son candidat dans Rimouski, Samuel Ouellet, et du député sortant, Pascal Bérubé.

Le chef du Parti québécois réagissait aux propos de François Legault tenus dimanche en entrevue à Radio-Canada. M. Legault a déclaré que la réforme du scrutin « n’intéresse pas la population, à part quelques intellectuels ». Alors qu’il se trouvait dans l’opposition, en 2018, François Legault avait signé l’entente transpartisane visant à réformer le mode de scrutin.

« L’inquiétude, elle découle de la désinvolture, de la façon cavalière de prendre un engagement signé, qui est quand même l’objet d’une discussion politique légitime depuis quelques années, et de dire, je ne réponds même pas ça », a rajouté le chef St-Pierre Plamondon, appuyé par le député sortant de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé. Ce dernier s’était inquiété au printemps d’une « distorsion » inédite en faveur de la CAQ.

De dire ça d’une façon aussi cavalière, que ça intéresse seulement quelques personnes, quelques intellectuels… je veux dire, on a le droit de réfléchir. Il y a deux de ses ministres qui ont écrit des livres, moi je les ai lus, je trouvais ça intéressant. Est-ce que ça fait de moi un intellectuel ? Bon.

Pascal Bérubé, député sortant de Matane-Matapédia

Ce n’est plus une priorité, dit Legault

François Legault persiste et signe : « il n’y a personne qui m’a parlé de ça depuis le début de la campagne », a-t-il dit lundi à Gatineau. Le chef de la CAQ reconnaît qu’il existe des avantages au mode de scrutin proportionnel, qu’il s’était engagé à réformer avant de prendre le pouvoir, en 2018.

Mais, avec la partisanerie en politique et le fait que ce mode de scrutin crée selon lui davantage de gouvernements minoritaires, M. Legault y voit désormais davantage d’inconvénients.

« Avec la pandémie qu’on a vécue depuis deux ans et demi, je suis profondément convaincu que la grande majorité des Québécois, quand ils font la liste de leurs priorités, le mode de scrutin n’est pas dans leurs priorités », a tranché le chef caquiste.

M. St-Pierre Plamondon n’est pas le seul à ne pas avoir apprécié les propos du chef de la CAQ. Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, croit que François Legault devrait « s’assumer et dire [qu’il] a fait un Justin Trudeau de lui-même » plutôt que « d’inventer des raisons fantasques que c’est des affaires d’intellectuels ».

Le gouvernement Legault a présenté le projet de loi 39 sur la réforme du mode de scrutin, mais ce dernier est mort au feuilleton.

Avec Hugo Pilon-Larose et Charles Lecavalier

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