(Montréal) (Montréal) Québec solidaire promet d’investir 36 milliards de dollars dans un premier mandat pour prendre un virage vert, dont 29 milliards en transport collectif. Création de Québec Rail et Québec bus, mais surtaxe de 15 % sur les véhicules polluants et interdiction des véhicules à essence en 2040 : avec son plan climat, le parti veut bousculer les habitudes des Québécois pour accélérer la lutte aux changements climatiques.

« La science est claire. C’est dans les 10 prochaines années que ça passe ou que ça casse. C’est la décennie de la dernière chance. Le prochain mandat, c’est le mandat de la dernière chance. Il faut qu’on commence maintenant, 2026 ça va être trop tard », a lancé le chef parlementaire du parti lors de la présentation de son plan climat aux médias, dimanche.

« Notre maison brûle. La question qu’on va se pose le 3 octobre, c’est à qui on fait confiance pour éteindre le feu. Ma question pour les électeurs, c’est : “faites-vous confiance à François Legault pour s’occuper de l’environnement ?” Moi, je n’ai pas confiance […] », a ajouté M. Nadeau-Dubois.

Pour raffermir la crédibilité de son plan, qui vise à réduire les émissions de GES de 55 % en 2030 par rapport à 1990, Québec solidaire a fait attester son plan par huit experts indépendants, notamment par François Delorme, de l’Université de Sherbrooke, un ex-collaborateur du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et Damon Matthews, de l’Université Concordia, un expert associé du GIEC.

Le parti a également fait modéliser sa « Vision 2030 » par la firme Esmia Consultants, en collaboration de Dunsky Énergie+Climat, qui ont déjà livré une modélisation semblable au gouvernement du Québec. C’est la même firme qui fait la modélisation du plan du Parti québécois. Les mesures individuelles ne sont pas chiffrées, un aléa du modèle d’Esmia, réplique le parti. Voici un survol en sept points du plan climat.

Transport

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Pour raffermir la crédibilité de son plan, qui vise à réduire les émissions de GES de 55 % en 2030 par rapport à 1990, Québec solidaire a fait attester son plan par huit experts indépendants.

Québec solidaire devancera à 2030 l’interdiction de vendre des voitures à essence et interdira l’immatriculation des véhicules à essence à partir de 2040. Il mettra en place un programme de bonus-malus qui aura pour effet d’instaurer une taxe de 15 % en moyenne pour les véhicules polluants de 2023 à 2030, ce qui inclut généralement les camionnettes, minifourgonnettes, et VUS, avec certaines exemptions, comme pour les familles de cinq personnes et plus. Il permettra de financer les subventions aux autos électriques. En contrepartie, QS remettra en place un programme de récupération des « minounes ».

Autre gros morceau, le plan transport. Création de Québec Rail et Québec bus qui auraient pour mission de relier toutes les villes du Québec, électrification des taxis (100 % en 2030), création de flottes d’autopartage et de vélopartage. Un gouvernement solidaire exigerait également aux employeurs de 50 employés et plus d’avoir un plan de gestion de déplacement de son personnel et une cible de réduction. Il veut également mettre un holà aux vols nolisés et aux jets privés. « Guy Laliberté, il va se calmer un petit peu », a dit Gabriel Nadeau-Dubois. L’étude d’Esmia précise qu’il existe « beaucoup d’enjeux liés à la concrétisation de ces transformations majeures », notamment « la disponibilité des matériaux et de la main-d’œuvre » et « les délais de réalisation de projets majeurs ».

Secteur industriel

Le marché du carbone sera ajusté à la nouvelle cible de -55 %. Les entreprises qui ne s’y conforment pas seront frappées par une taxe de 100 $ la tonne qui va monter à 205 $ la tonne en 2030. En contrepartie, le gouvernement solidaire continuera « d’accompagner » ces pollueurs pour les aider à s’adapter. QS prévoit également requalifier les travailleurs qui perdent leurs emplois dans des industries « vulnérables ». Son plan prévoit d’ici 2030 la diminution de 8 % la production de ciment et d’acier, à forte intensité énergétique, pour les remplacer par du bois, qui capte le carbone.

Gouvernance

Adoption d’un budget carbone, qui sera déposé en même temps que le budget du Québec. Si les cibles de réduction ne sont pas atteintes, Québec aura une obligation légale de publier une stratégie de rattrapage à l’instar de la Loi sur l’équilibre budgétaire. L’évaluation des politiques publiques en fonction de leur impact écologique. Le dossier de la transition écologique sera sous la responsabilité directe du premier ministre dans le dossier de la transition écologique.

Bâtiments

Interdiction dès 2024 de l’installation ou le remplacement ou réparation (pour prolonger durée de vie) de tout équipement de chauffage fonctionnant aux énergies fossiles, et interdiction de l’usage du mazout dans les bâtiments en 2030, et du gaz naturel en 2035. Des mesures qui permettraient la réduction de la consommation de gaz naturel dans les bâtiments de 85 % d’ici 2030 par rapport à 2019. Refonte du code du bâtiment en 2024 pour encourager l’usage du bois, qui capte le carbone.

Agriculture

Virage vers l’agriculture biologique, réduction de l’usage des pesticides et des engrais chimiques, politique d’achat local pour les aliments et utilisation des terres agricoles pour capter le carbone. Le plan prévoit aussi une « substitution d’une partie de la production de bœuf et laitier, porc et volaille, ainsi que pour les grains et céréales destinés à l’alimentation animale (5 % -12 % d’ici 2030 par rapport à la référence), vers une augmentation de la production de fruits, légumes et grains et céréales ».

Déchets

Réduction des distances parcourues pour l’enfouissement des déchets, et réduction du volume de déchets générés avec une loi contre le gaspillage alimentaire. Interdiction de l’enfouissement des matières organiques.

Solutions nature 

Protection des milieux naturels à hauteur de 30 % en 2030, protection des terres agricoles et création d’un fonds de 1 % des investissements du Québec en infrastructure pour financer des infrastructures vertes.

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