(Montréal) Pour réaliser ses promesses de 41 milliards en cinq ans, Dominique Anglade gonflerait les déficits plutôt que de réduire les dépenses de l’État. Elle ferait aussi payer les riches et les banques.

Ce n’est « absolument pas » une orgie de dépenses, a soutenu la cheffe libérale, accompagnée notamment de son candidat et ex-directeur à la Banque Scotia, Frédéric Beauchemin, et de l’ancien ministre des Finances Carlos Leitão, lors du dévoilement de son cadre financier dimanche, après une semaine de campagne. C’est, selon elle, « un cadre financier à la fois équitable et responsable », qui vise à répondre à la crise de l’inflation et de la pénurie de main-d’œuvre.

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

Dominique Anglade, cheffe du PLQ, et le candidat libéral Frédéric Beauchemin lors de l’annonce du cadre financier du parti, mardi

Ses promesses totalisent 41 milliards en cinq ans (plus de 8 milliards par année, à terme, en 2026-2027). Les plus coûteuses sont les baisses d’impôt (12 milliards en cinq ans) et l’Allocation aînés (10 milliards en cinq ans).

Un gouvernement libéral irait chercher des revenus supplémentaires de 12 milliards d’ici 2026-2027. C’est ce qui fait dire aux libéraux que le coût net de leurs engagements s’élève à 29 milliards.

Par exemple, Dominique Anglade augmenterait les impôts des riches, ceux qui gagnent au-delà de 300 000 $ (1,4 milliard en cinq ans). Elle imposerait une nouvelle taxe aux institutions financières, c’est-à-dire les banques et les compagnies d’assurance (1,7 milliard en cinq ans).

C’est un message d’équité qu’on envoie. […] La classe moyenne québécoise, elle fait plus que sa part et a besoin d’avoir davantage de soutien. Ceux qui ont plus de moyens peuvent également faire leur part.

Dominique Anglade, cheffe du PLQ

Le PLQ fait également le pari qu’il récupérerait près de 6 milliards en cinq ans dans sa lutte contre les paradis fiscaux (3,4 milliards) et le travail au noir (2 milliards). Sous les libéraux, il y aurait une taxe sur les immeubles non occupés à Montréal (1 milliard en cinq ans) et une autre sur les GAFAM, les géants du numérique (900 millions en cinq ans).

Aucune coupure de services n'est prévue

Pour faire son cadre financier, le parti a gardé intactes les prévisions de croissance des revenus contenues dans le rapport préélectoral sur les finances publiques présenté le 15 août par le gouvernement Legault. Et pas question d’adopter des politiques d’austérité comme au début du mandat du gouvernement Couillard : Dominique Anglade n’amputerait pas la croissance des dépenses. Elle l’augmenterait encore davantage avec ses promesses. On ne prévoit aucun exercice de révision des dépenses de l’État.

On n’a aucunement l’intention d’aller couper dans les services, au contraire.

Dominique Anglade, cheffe du PLQ

Les déficits annuels s’élèveraient en moyenne à 5 milliards par année après les versements au Fonds des générations. Ce serait jusqu’à 6,7 milliards la cinquième année. « On parle d’un montant qui n’est pas exagéré non plus », a plaidé Dominique Anglade. C’est environ trois fois plus élevé que les déficits inscrits dans le rapport préélectoral pour les prochaines années. Les libéraux tentent de relativiser le poids des déficits annuels en soulignant qu’ils représenteraient 1 % du produit intérieur brut (PIB).

Le Parti libéral maintiendrait comme prévu les versements annuels au Fonds des générations qui sert à réduire la dette, contrairement à la Coalition avenir Québec (CAQ).

Le retour à l’équilibre budgétaire serait repoussé dans sept ans, alors que le gouvernement Legault le prévoit dans cinq ans selon son dernier budget. Le cadre financier libéral, qui s’échelonne sur cinq ans, est muet au sujet des mesures qui seraient prises pour effacer le déficit.

Augmentation de la dette

Sous les libéraux, la dette nette augmenterait de 5 milliards par rapport aux prévisions, pour atteindre 211 milliards en 2027. Le poids de la dette par rapport au PIB continuerait toutefois de diminuer. On passerait de 38,0 % à 33,2 % en cinq ans. Un gouvernement libéral maintiendrait l’objectif d’atteindre un ratio de 32 %, la moyenne canadienne.

Pour le chef caquiste François Legault, les libéraux se sont « disqualifiés » avec ce cadre financier déficitaire.

Les libéraux, c’est rendu Québec solidaire. Je viens de voir leur cadre financier et je n’en croyais pas mes yeux. […] C’est totalement irresponsable. Ce n’est pas [le] Parti libéral qui était rigoureux des finances publiques.

François Legault

Le PLQ est la première formation politique à présenter son cadre financier. Après ce dévoilement, Dominique Anglade a pris un bain de foule à la Fête de la famille de Laval, là où elle tente de conserver les cinq circonscriptions (sur six) remportées par son parti en 2018.

Avec Hugo Pilon-Larose, La Presse

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